Début de la seconde phase de législatives jouées d’avance en Egypte
L’Egypte entamait dimanche la seconde phase d’élections législatives jouées d’avance, en l’absence d’opposition au tout puissant président Abdel Fattah al-Sissi, un scrutin qui avait mobilisé moins d’un quart des électeurs lors de la première phase dans la moitié du pays.
Dans le quartier populaire de Choubra, seuls une dizaine de personnes patientaient devant trois bureaux de vote, avant d’y entrer à l’ouverture peu après 9h00 (7h00 GMT).
Cette seconde phase des législatives se déroule dimanche et lundi pour le premier tour, et les 1er et 2 décembre pour le second tour.
Les analystes estiment que cette élection est jouée d’avance: la totalité des partis en lice et des candidats "indépendants" ont affirmé leur soutien, sinon leur allégeance, à M. Sissi. L’ex-chef de l’armée avait destitué en 2013 le premier président élu démocratiquement en Egypte, l’islamiste Mohamed Morsi, puis éliminé de la scène politique par la force toute opposition.
Pour les observateurs, le Parlement de 596 députés ne sera qu’une chambre d’enregistrement pour les décisions de M. Sissi, qui demeure populaire au sein d’une population lassée par les années de chaos ayant suivi la chute de Hosni Moubarak en 2011.
M. Sissi, qui a été élu président en mai 2014 sans coup férir déjà en l’absence de toute opposition, avait destitué Mohamed Morsi après que des millions d’Egyptiens eurent manifesté pour réclamer le départ du pouvoir des Frères musulmans. Ces derniers, interdits puis décrétés "organisation terroriste", avaient pourtant remporté tous les scrutins libres après la chute de Moubarak, dont les législatives de 2012. Le taux de participation avait alors atteint 62%.
Depuis la destitution de M. Morsi, policiers et soldats ont tué plus de 1.400 de ses partisans, essentiellement au Caire. Plus de 15.000 Frères musulmans ou sympathisants ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort –dont M. Morsi et presque tous les dirigeants de la confrérie– dans des procès de masse expéditifs sévèrement critiqués par l’ONU.
Puis le régime, décrit par les organisations internationales de défense des droits de l’Homme comme bien plus répressif que celui de M. Moubarak, a violemment réprimé les manifestations de la jeunesse laïque et libérale qui avait mené la révolte de 2011, et emprisonné ou muselé ses figures de proue.