Danielgate: le Roi Mohammed VI veut verrouiller les conditions d’octroi de la grâce

Danielgate: le Roi Mohammed VI veut verrouiller les conditions d
La libération de Daniel Galvan, pédophile espagnol multirécidiviste condamné en 2011 à 30 ans de prison pour des viols sur onze mineurs marocains, a suscité un tel émoi dans l’opinion publique marocaine que le Roi Mohammed VI a sommé le ministre de la Justice de «proposer des mesures de nature à verrouiller les conditions d’octroi de la grâce», et ordonné l’ouverture d’une enquête dont l’objectif, selon un communiqué du cabinet royal, est de "déterminer les responsabilités et les points de défaillance qui ont pu mener à cette regrettable libération" et d’"identifier le ou les responsables de cette négligence afin de prendre les sanctions nécessaires".

Comme chaque année, à l’occasion de la fête du Trône, le Souverain marocain gracie des centaines de détenus pour des raisons humanitaires ou médicales. Cette année 1044 détenus ont bénéficié de la grâce royale. Parmi les 48 prisonniers de nationalité espagnole graciés, à la demande du Roi Juan Carlos, figure le monstre Daniel Galvan, prédateur sexuel dont la nature et la gravité des crimes commis contre des enfants âgés de 4 à 15 ans devaient lui interdire de bénéficier d’une telle mesure.

S’agit-il d’un dysfonctionnement ou d’une erreur d’appréciation? Le Roi Mohammed VI, connu pour sa grande compassion et sa sollicitude envers les personnes en situation précaire ou victimes d’injustices, a-t-il été informé avant d’accorder sa grâce, laquelle symbolise et incarne la justice rendue que l’impunité?

Dans un communiqué sur cette affaire, désormais appelée Danielgate, le palais royal a affirmé hier que le Roi "n’a jamais été informé, de quelque manière que ce soit et à aucun moment, de la gravité des crimes abjects pour lesquels l’intéressé a été condamné». «Il est évident que jamais le souverain n’aurait consenti» à ce que ce prisonnier «puisse arrêter de purger sa peine, au regard de l’atrocité des crimes monstrueux» commis, a précisé le communique royal.

La décision du Roi d’ouvrir une enquête «en vue de déterminer les responsabilités et les points de défaillance qui ont pu mener à cette regrettable libération» permettra «d’identifier le ou les responsables de cette négligence afin de prendre les sanctions nécessaires» pour rendre justice aux familles des victimes et aux Marocains, profondément indignés par cette libération scandaleuse.

Quant à l’opposition socialiste espagnole, elle a exigé samedi une « explication immédiate» de la part du gouvernement Rajoy. Elle dénonce un fait d’une «extrême gravité».

Dans un communiqué, Elena Valenciano, la vice-secrétaire générale du parti, juge l’affaire "d’une extrême gravité" et voudrait savoir quel département de l’Exécutif espagnol "a suggéré" d’inscrire le nom de Daniel Galvan sur la liste des demandes de grâce au Maroc.

Certains sites au Maroc croient savoir que les services secrets espagnols seraient à l’origine de la demande de grâce. Daniel Galvan, Espagnol d’origine irakienne, pourrait avoir collaboré avec eux au moment de la chute de Saddam Hussein.

Une version jugée crédible par le quotidien espagnol El Pais, qui assure n’avoir pas retrouvé trace de Daniel Galvan à l’université de Murcie, où il était censé enseigner. Mais l’université Murcie vient démentir les informations d’El Pais. Le recteur de l’université, José Antonio Cobacho, a déclaré aux médias qu’après avoir appris la nouvelle de la libération, il avait consulté la fiche de l’homme où était signalée "sa grande connaissance des langues, en particulier de l’arabe".

Il a ajouté que la collaboration de Daniel Galvan avec l’université s’était déroulée "de manière absolument normale" et qu’il avait "effectué correctement son travail", la preuve en étant qu’il avait "été titulaire d’une bourse durant les deux premières années puis qu’il avait eu un contrat de travail pendant quatre ans", avant de décider en 2002 de suivre une autre voie.

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