DSK, séducteur jusqu’à l’inconscience

C’était le tendon d’Achille de DSK, tous ses amis le savaient. Ses ennemis aussi. Depuis longtemps, l’ancien député puis maire de Sarcelles traînait une lourde réputation de séducteur. Dans le PS post-soixante-huitard des années 1970 et 1980, cela prêtait plutôt à sourire. Lorsque, en 2003, l’hebdo « le Nouvel Observateur » signale dans une enquête la présence d’un ministre lors d’une soirée dans un club échangiste à la mode, le Tout-Paris s’amuse en assurant reconnaître sans hésitation celui qui est alors le très en vue ministre de l’Economie du gouvernement Jospin.

La cinquantaine venue, DSK use toujours de son charme intellectuel, qui est certain, et d’un physique qui ne manque pas non plus de séduction. Mais à l’occasion, l’homme qui est devenu une des étoiles du PS, se fait parfois insistant, très direct dans ses approches.

Lorsque à l’été 2007 Strauss-Kahn entame une campagne mondiale pour se faire élire à la tête du Fonds monétaire international (FMI), le journaliste Jean Quatremer avertit sur son blog : « Le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant (…), il frôle souvent le harcèlement. » L’équipe de communication de DSK exige du journaliste qu’il retire son blog. Refus : « Si vous jugez que c’est diffamatoire, vous n’avez qu’à porter plainte. » Il n’en sera rien.

Celui qui va bientôt diriger avec brio le FMI était donc formellement prévenu. Ses proches amis, qui fondent déjà des espoirs sur son retour, se permettent d’insister : « Attention, les Etats-Unis ne sont pas la France, là-bas ils ne plaisantent pas. » Sourd à tous ces conseils de prudence, DSK ne va pas hésiter à provoquer une relation extraconjugale avec une de ses subordonnées, l’économiste hongroise Piroska Nagy. L’affaire est révélée par le « Wall Street Journal ». Scandale retentissant. « Je savais que ce comportement ne passerait pas aux Etats-Unis. Je ne suis pas étonné de ce qui est arrivé », assure aujourd’hui Quatremer.

Alors que la crise financière mondiale grandit, DSK sera finalement blanchi par une enquête interne. Mais le communiqué du FMI relève qu’il a commis des actes « regrettables et reflétant une grave erreur de jugement ». Et Piroska Nagy elle-même déclare aux enquêteurs : « Je crains que cet homme n’ait un problème qui, peut-être, le rend peu apte à diriger une organisation où travailleraient des femmes. » Commentant la dernière affaire new-yorkaise, Jean Quatremer est plus prudent : « Strauss-Kahn est capable d’être plus que limite, mais de là à agresser physiquement une femme… » Il juge néanmoins que ce fait divers « entache considérablement l’image de la France à l’étranger ».

Dans cette affaire de mœurs, on retrouve la même insouciance de la part de Dominique Strauss-Kahn que celle dont il a parfois fait preuve dans la gestion de certains dossiers comme ceux de la Mnef et de la cassette Méry, qui l’avaient obligé à démissionner en novembre 1999 du gouvernement. Une légèreté qui frise parfois l’inconscience.

Le Parisien

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