Cyber-attaque/Sony: Washington oppose une fin de non-recevoir à Pyongyang, veut l’aide de Pékin

Les Etats-Unis ont opposé une fin de non-recevoir à la proposition nord-coréenne d’ouvrir une enquête conjointe sur le piratage de Sony Pictures et demandé à la Chine son aide pour bloquer les cyber-attaques en provenance de Pyongyang.

Washington accuse la Corée du Nord d’être responsable de l’attaque contre Sony Pictures, qui a conduit la société à annuler la sortie prévue pour Noël de "L’interview qui tue!", comédie parodique sur un complot fictif de la CIA pour assassiner le leader nord-coréen Kim Jong-Un.

La Corée du Nord n’a eu de cesse de démentir avoir quoi que ce soit à voir avec le piratage, l’un des plus importants jamais subi par une entreprise aux Etats-Unis, et a proposé une "enquête conjointe" sur le sujet.

L’attaque a paralysé le système informatique de la compagnie et s’est accompagnée de la diffusion en ligne de cinq films du studio dont certains pas encore sortis, des données personnelles de 47.000 employés, de documents confidentiels comme le script du prochain James Bond, et une série d’emails très embarrassants pour les dirigeants de Sony.

Mais Washington a balayé la proposition nord-coréenne d’un revers de main. "Si le gouvernement nord-coréen veut proposer son aide, il peut reconnaître sa culpabilité et dédommager Sony pour les dégâts provoqués par cette attaque", a déclaré Mark Stroh, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.

Un haut responsable de l’administration américaine a déclaré que Washington recherchait l’aide de Pékin, l’allié le plus proche de la Corée du Nord, l’un des pays les plus hermétiques au monde.

"Nous avons discuté de cette possibilité avec les Chinois pour échanger des informations, nous avons exprimé notre inquiétude à la suite de cette attaque et leur avons demandé leur coopération", a-t-il dit à l’AFP.

Les deux pays sont convenus que le fait de mener "des attaques destructives dans le cyberespace est contraire à un comportement approprié", a-t-il ajouté.

-‘attaques frontales contre des activités hostiles’-

Le FBI a imputé l’attaque du 24 novembre revendiquée par le GOP (Guardians of peace) à la Corée du Nord en la comparant à de précédentes agressions attribuées directement à Pyongyang.

Le président Barack Obama avait "confirmé" vendredi que la Corée du Nord était à la manoeuvre, affirmant que Washington ne cèderait jamais devant quelque "dictateur que ce soit". "Nous répondrons de manière proportionnée et nous répondrons à un moment, à un endroit et d’une manière que nous choisirons", a prévenu le président américain.

Ce à quoi Pyongyang a répliqué en accusant Washington de diffamation.

"Puisque les Etats-Unis répandent des allégations sans fondement et nous diffament, nous leur proposons une enquête conjointe", a dit le ministère nord-coréen des Affaires étrangères. "Nous avons les moyens de prouver que nous n’avons rien à voir avec cet incident", a ajouté le ministère.

"Au cas où nous aurions à exercer des représailles, nous ne mènerions pas d’attentats terroristes contre des spectateurs innocents dans des cinémas mais des attaques frontales contre ceux qui se livrent à des activités hostiles" contre la Corée du Nord, a-t-il poursuivi.

Les Etats-Unis s’exposent à "de graves conséquences s’ils refusent notre proposition (d’enquête conjointe) et continuent de se répandre sur des supposées représailles contre nous", a conclu le ministère.

La Corée du Sud est venue à l’appui de son allié américain en accusant elle aussi son voisin du Nord d’avoir mené les cyber-attaques contre Sony Pictures, relevant "des similitudes" avec le piratage de banques et d’organes de presse sud-coréens l’an dernier.

Barack Obama a estimé que Sony Pictures avait commis "une erreur" en annulant la sortie en salles de "L’interview qui tue!".

"Nous ne pouvons pas avoir une société dans laquelle un dictateur quelque part peut commencer à imposer une censure ici aux Etats-Unis", a insisté le président américain.

Le patron de Sony Pictures, Michael Lynton, a quant à lui vigoureusement défendu son groupe, qui a également reçu des menaces évoquant les attentats du 11-Septembre contre les salles qui diffuseraient le film.

"Le président, la presse et l’opinion se trompent sur ce qui s’est réellement passé", a-t-il assuré, affirmant avoir été forcé de renoncer à sortir la comédie pour Noël car les chaînes de cinéma avaient "appelé une par une" pour dire qu’elle ne la projetteraient pas, face aux menaces proférées par les pirates informatiques.

Le piratage et l’annulation de la sortie du film pourrait coûter un demi-milliard de dollars au studio, selon des experts.

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