Crash d’Air Algérie au Mali: des experts américains ont découvert que l’avion avait subi une réparation majeure

Les obsèques des cinq membres de la famille Gineste seront célébrées jeudi à Sainte-Feyre. Ces Guérétois ont disparu le 24 juillet dans le crash d’Air Algérie. Des avocats ont lancé une contre-enquête aux Etats-Unis, ce qui a permis de reconstituer toute l’histoire de l’appareil.

Mille prélèvements d’ADN ont été réalisés sur les lieux du crash. Ce qui a permis d’identifier la plupart des victimes. Des cercueils scellés ont été acheminés la semaine dernière par le Quai d’Orsay vers les régions d’origines des passagers français.

« Pour mes clients, cette cérémonie est quelque chose de fort, mais ce qu’ils attendent, c’est de savoir ce qu’il s’est passé », déclare Gilles-Jean Portejoie, qui représente les proches de Véronique Gineste.

Le président Hollande a proposé aux familles des victimes de se rendre sur les lieux de l’accident, avec l’aide des militaires français. Le coup d’Etat au Burkina-Faso a différé ce voyage. Gilles-Jean Portejoie se dit plutôt satisfait de l’avancée de la procédure : « Le Burkina, le Mali et l’Algérie n’ont pas contesté la compétence territoriale française. »

Deux enquêtes sont en fait lancées. La première, strictement technique, est celle du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) de l’Aviation civile qui a été sollicité par les autorités maliennes. Ce rapport du BEA a été rendu public mi-septembre.L’avion a « décroché » après avoir viré à gauche alors qu’il traversait une zone orageuse.

L’enregistreur de vol signale une « chute brutale » après « un ralentissement des moteurs » L’expert n’a décelé aucun indice allant dans le sens d’un événement météorologique exceptionnel, d’un attentat ou d’une défaillance de l’équipage.

Les deux juges d’instruction parisiens en charge du dossier ont désigné de leur côté trois experts début septembre. « Nous avons posé une série de questions techniques très précises. Les magistrats nous ont confirmé que les experts y répondraient », se félicite Gilles-Jean Portejoie.

Sur ce dossier, l’avocat clermontois fait équipe avec Gérard Samet, un avocat français installé à Montréal. Maître Samet a notamment représenté les familles lors de l’accident du Concorde en 2000 et il se concentre sur l’obtention de réparations.

L’avion a beaucoup changé de mains

« La convention internationale du transport aérien prévoit une indemnisation automatique par la compagnie, quelles que soient les causes » Or, pour Maître Samet, une telle procédure ne va pas empêcher la recherche de responsabilités : « Cela peut prendre dix ans ».

Les cabinets Portejoie et Samet ont donc choisi de lancer une contre-enquête. « Je travaille avec des experts américains qui ont déjà établi tout l’historique de l’appareil », confie Gérard Samet. Air Algérie louait ce Mc Donnell Douglas MD-83 à une société espagnole Swift-air. Mais c’est une autre société espagnole qui était propriétaire de l’avion et qui le louait en leasing à Swiftair.

« Nous avons découvert que cet avion venait d’être acheté à une autre société de leasing américaine, poursuit Gérard Jamet. Et nous sommes en train d’analyser des documents faisant état de réparations majeures sur l’aile gauche. » Pour l’avocat, ce point pourrait s’avérer décisif « en considérant que l’avion est tombé alors qu’il virait à gauche. »

Maîtres Portejoie et Samet, qui « représentent 13 sièges », estiment que l’efficacité exige de ne « poursuivre qu’un seul but : la démonstration de la faute du propriétaire ou du constructeur de l’appareil. » En ce cas, les réparations que peuvent obtenir les familles « ne sont pas plafonnées ». Forts de ces premiers résultats, les deux avocats espèrent fédérer toutes les parties civiles autour de cette option offensive.

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