Consultant en finances, Medjdoub Chani, 63 ans, a été condamné jeudi à douze ans de prison par la cour d’appel d’Alger. Arrêté en 2009, il était le principal prévenu d’un procès portant sur la construction d’une autoroute.
L’homme d’affaires, accusé d’avoir perçu des pots-de-vin de la part de sociétés chinoises, avait déjà été condamné en 2012 pour les mêmes faits, mais cette décision avait été cassée en janvier par la Cour suprême d’Alger qui avait renvoyé l’affaire.
La peine infligée jeudi "a été prononcée non seulement sur la base de dossiers totalement vides, mais au mépris d’une décision rendue par la Cour suprême, la plus haute juridiction algérienne" qui avait constaté "la prescription des poursuites", déplorent dans un communiqué William Bourdon et Philippe Penning, ses avocats français et luxembourgeois.
Medjdoub Chani, qui a toujours clamé son innocence, va entamer une nouvelle grève de la faim. La dernière, menée entre mai et juin derniers, avait duré 46 jours.
Ses avocats en appellent "aux autorités luxembourgeoises, aux autorités européennes, aux institutions onusiennes pour qu’il soit mis fin à cet harcèlement judiciaire". Parallèlement, une information judiciaire a été ouverte au Luxembourg pour actes de torture à l’encontre de M. Chani.
Chantier-phare de la présidence Bouteflika, la construction de l’autoroute est-ouest avait été lancée en 2006 et devait durer quatre ans. A la base d’un budget de six milliards de dollars, elle a vu son coût grimper à 13 milliards, selon des estimations officielles, et à 17 milliards, selon d’autres sources. La presse évalue à 5 milliards de dollars le montant des pots de vin versés.