Comores: l’ex-putschiste Assoumani vainqueur de la présidentielle au bout du suspens

Le colonel Azali Assoumani, ex-putschiste, a été élu nouveau président des Comores jeudi à l’issue d’une élection présidentielle partielle aux allures de troisième tour où il a accentué son avance acquise au deuxième tour sur son principal rival, le candidat du pouvoir sortant « Mamadou ».

Le colonel Assoumani a obtenu 2.271 voix contre 1.308 pour son rival, le candidat du pouvoir sortant Mohamed Ali Soilihi dit "Mamadou" et a ainsi confortant l’avance qu’il avait après le deuxième tour de la présidentielle, selon des résultats provisoires communiqués jeudi matin à la presse par Nadjahe Allaoui, la vice-présidente de la commission électorale nationale indépendante (Ceni).

Le deuxième tour de la présidentielle le 10 avril avait été émaillé de plusieurs actes de violence, dont la destruction et le bourrage d’urnes, essentiellement à Anjouan, l’une des trois îles de l’Union des Comores. La Cour constitutionnelle avait alors ordonné l’organisation d’une partielle qui s’est tenue mercredi dans 13 bureaux, tous situés à Anjouan.

Le colonel Assoumani, qui a déjà occupé la fonction suprême de 1999 à 2006, était arrivé en tête après ce deuxième tour, mais il devançait son principal adversaire, Mohamed Ali Soilihi dit "Mamadou", de 2.000 voix seulement.

Les résultats provisoires de cette partielle qui "devront s’ajouter aux premiers résultats" d’avril, selon Mme Allaoui, permettent donc à Azali Assoumani de rester en tête.

Ancienne colonie française de tradition musulmane sunnite, les Comores ont connu une histoire tumultueuse, jalonnée de vingt coups d’État ou tentatives depuis 1975 et contrariée par la perte de Mayotte qui alimente une querelle de souveraineté de faible intensité avec Paris.

Pour l’emporter, le colonel Assoumani a pu compter sur le soutien décisif du charismatique Ahmed Abdallah Sambi, ex-président et leader du principal parti d’opposition Juwa, très populaire sur l’île d’Anjouan.

Mercredi soir, la Ceni avait indiqué dans un premier temps qu’elle ne communiquerait pas de résultats provisoires, laissant à la Cour Constitutionnelle le soin de donner les résultats officiels.

Si ce "troisième tour" s’est déroulé mercredi dans le calme, des manifestants du parti Juwa ont été dispersés à coups de grenades lacrymogènes par les forces de l’ordre alors qu’ils s’étaient rassemblés très tôt jeudi matin devant l’hôtel où se trouvent les membres de la Ceni pour réclamer la proclamation de résultats.

Le calme est ensuite rapidement revenu à Mutsamudu, la capitale de l’île d’Anjouan, après l’annonce de ces résultats provisoires.

Assoumani, un officier de 57 ans formé à l’Académie royale de Meknes au Maroc et passé par l’Ecole de guerre en France, retrouve le palais présidentiel de Beït-Salam pour la seconde fois.

La première fois en avril 1999, il était arrivé aux commandes par un putsch qu’il présentera a postériori comme une interposition de l’armée pour prévenir une guerre civile, alors que le pays traversait une crise sécessionniste (1997-2001). Il restera au pouvoir jusqu’en 2006 avant de le céder à contrecoeur à Sambi.

Il cite souvent à son actif l’adoption de la nouvelle Constitution qui a réconcilié les Comores et la création de l’Université des Comores.

Ses détracteurs ne ratent pas une occasion de rappeler un fait d’armes peu glorieux. En 1995, lors d’un affrontement armé avec une dizaine de mercenaires conduits par le Français Bob Denard, il avait abandonné ses hommes pour se réfugier à l’ambassade de France à Moroni.

Ils brocardent également son attitude jugée accommodante à l’égard de Paris sur le différend qui oppose la France et les Comores sur Mayotte, la 4e île de l’archipel devenue le 101e département français, mais toujours revendiquée par Moroni depuis l’accession du territoire à l’indépendance en 1975.

La Cour Constitutionnelle doit valider ces résultats dans les prochains jours et l’investiture du nouveau président est prévue pour le 26 mai.

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