Collisions en série dans le nucléaire français (Libération)

Énergie . Marginalisé en France au profit d’EDF, GDF Suez se retire du projet de centrale EPR de Penly.

Les relations se dégradent encore entre les grands acteurs français de la filière nucléaire. Mis sur la touche sur le marché national par les pouvoirs publics français – et surtout par EDF -, Gérard Mestrallet, le patron de GDF Suez, a décidé de se retirer du projet de centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime), qui vise à construire un deuxième EPR en France. Une opération dans laquelle il n’avait obtenu qu’un strapontin (25%) au profit d’EDF, désigné par l’Etat comme leader avec 50% de la société ad hoc. Présent à 8,33%, Total maintient sa participation.

Si GDF Suez se retire, c’est que le projet lui coûtait plus qu’il ne lui rapportait : il n’était que partenaire financier et non coexploitant, comme il le désirait. Il était censé supporter les risques sans recueillir aucune expérience. Fort de son succès de l’été, l’acquisition du britannique International Power, qui fait de GDF Suez le deuxième électricien mondial, Gérard Mestrallet a donc annoncé à François Fillon, au début du mois, qu’il se retirait de Penly. Un gros bras d’honneur au pouvoir politique.

Le groupe, hier, refusait de commenter cette information, révélée par les Echos, mais celle-ci nous a été confirmée de source sûre. C’est que Mestrallet en a assez d’être considéré comme quantité négligeable en France. Le groupe, qui exploite sept unités nucléaires en Belgique, considère qu’il a assez d’expérience pour devenir un des acteurs-clés du marché français. Et international. Pour lui, Penly était initialement la vitrine idéale pour vendre à l’étranger sa compétence d’exploitant. Les Etats peinent encore à le considérer comme un interlocuteur valable. Témoin, Abou Dhabi, où la France a vainement cherché à vendre son EPR, avait exigé que la filière soit dirigée par EDF et non par GDF Suez, comme il en avait été décidé.

En France, son rival EDF, qui a bien du mal à renoncer à son statut de monopole, ne lui laisse rien passer. Surtout depuis qu’Henri Proglio a été propulsé à sa tête par l’Elysée, avec la mission de prendre le leadership de la filière. En mettant la main sur Areva, le constructeur de centrales, et en dégageant GDF Suez, l’aspirant exploitant.

Missionné par l’Elysée pour faire le point sur cette pétaudière, l’ex-patron d’EDF, François Roussely, partage ce dessein stratégique. Il n’a mentionné GDF Suez que d’une ligne dans le rapport remis aux pouvoirs publics en mai. Interrogé par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, il a estimé que la priorité devait être de renforcer le numéro 1 du secteur, EDF. Mais celui-ci risque d’avoir du mal à remplacer GDF Suez sur Penly, alors qu’il n’avait pas bouclé son tour de table. Il négociait encore les 16,66% manquants

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