Cocktail d’UV et de vitamine B réduit le risque de transmission du paludisme par transfusion sanguine

Un traitement du sang, combinant des rayons UV et de la vitamine B, peut réduire significativement le risque de transmission du paludisme par transfusion sanguine, dans les pays ne disposant pas des moyens des pays riches pour éliminer les risques infectieux, selon une étude.

Cette technologie pourrait également s’avérer prometteuse pour détruire dans le sang les virus du sida, des hépatites B et C et ceux d’Ebola et du Zika.

Des travaux antérieurs ont montré la capacité de cette technique à inactiver le Plasmodium, l’agent du paludisme, et d’autres agents pathogènes, dont le VIH et les virus de l’hépatite C et B, in vitro en laboratoire.

L’étude, parue vendredi dans la revue médicale The Lancet, est la première à examiner le potentiel de cette technologie de réduction d’agents pathogènes en conditions réelles chez l’homme. L’essai conduit avec des receveurs de transfusion au Ghana montre que ce traitement du sang "réduit sérieusement" le risque de paludisme, sans cependant l’éliminer.

65 patients non porteurs du parasite avant la transfusion ont été choisis pour participer à cet essai clinique.

Certains ont reçu du sang traité avec les UV et la vitamine B2, également appelée riboflavine.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, il y avait 214 millions de cas de paludisme l’an dernier, et 438.000 décès, dont 90% en Afrique subsaharienne. Le paludisme est généralement transmis par les moustiques, mais l’on ignore combien le contractent par transfusion.

"Dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne où le paludisme est endémique, une forte proportion de la population est porteuse du parasite, sans manifester de symptômes cliniques", relève le Pr Jean-Pierre Allain de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni), auteur principal de l’étude. "C’est particulièrement problématique pour les transfusions sanguines car cela expose les bénéficiaires à un haut risque d’infection si aucune procédure de traitement du sang n’est fournie", souligne-t-il.

En Europe, les dons de sang sont soumis à un grand nombre de mesures de sécurité, qu’il s’agisse de sang total ou de certains de ses composants (plasma, plaquettes…).

Au Ghana, environ la moitié des donneurs de sang sont porteurs du parasite, et près de 30% des transfusés, testés négatif pour Plasmodium avant la transfusion, sont positifs après.

La détection de parasites comme celui du paludisme coûte cher et il n’existe pas de moyens de traiter le sang total, forme la plus couramment utilisée pour la transfusion en Afrique sub-saharienne.

La technologie est actuellement en phase de test, et d’autres études, sur de plus grands nombres de patients, en particulier avec des populations à risque (jeunes enfants, femmes enceintes…) sont nécessaires, soulignent les auteurs.

Sheila O’Brien de la Société canadienne du sang, estime dans Lancet que cette technologie permettrait de réduire encore le risque déjà faible de transmission d’infections (hépatites…) dans les pays riches et pourrait "répondre aux préoccupations" concernant des agents pathogènes comme les virus du Nil occidental, du chikungunya, et du Zika.

Si elle peut être utilisée sur un don sang total, la technologie pourrait "révolutionner la sécurité transfusionnelle en Afrique, où c’est le plus nécessaire", ajoute-t-elle.

La méthode nécessite cependant un équipement coûteux rendant peu probable son introduction immédiate sur le terrain.

L’étude paraît à la veille de la Journée mondiale contre le paludisme du 25 avril.

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