Climat: la France confirme la fin d’aides au charbon et déroule le tapis vert pour la COP21
La France a confirmé jeudi la fin immédiate de ses soutiens aux projets de centrales à charbon sans capture de CO2, en lançant en grande pompe la mobilisation française pour la conférence sur le climat, qui ouvre au Bourget dans un peu plus de 80 jours.
En ouvrant cette grand-messe franco-française, le Premier ministre Manuel Valls a confirmé la suppression "immédiate" des crédits à l’exportation pour les centrales à charbon dénuées de dispositifs de capture et de stockage du CO2, qui bénéficiaient à Alstom.
"Nous supprimons immédiatement les crédits exports pour tous les nouveaux projets de centrale à charbon qui ne sont pas dotés d’un dispositif de capture et stockage de CO2", a-t-il déclaré devant un parterre d’élus et représentants de la société civile française, ONG artistes, chefs d’entreprises.
Un peu plus tôt, la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal avait déjà indiqué, sur France Info, que ces aides à Alstom allaient bien être supprimées, pour que la société puisse investir dans les énergies renouvelables.
Cette décision est l’une des principales promesses du gouvernement français en matière de réduction des énergies fossiles.
– ‘Pas le droit d’échouer’ –
"L’enjeu (du climat, nldr) est colossal. Il engage l’humanité, car il y va de la survie de notre planète", a martelé Manuel Valls jeudi, rappelant que "les sept premiers mois de 2015 ont été les plus chauds jamais enregistrés à la surface du globe. Les inondations, les sécheresses, les catastrophes climatiques sont de plus en plus fréquentes. Et les premières victimes, ce sont les populations les plus fragiles".
Lors de la conférence de Paris, quelque 195 Etats et l’UE tenteront, sous l’égide de l’Onu, de s’accorder pour limiter le réchauffement planétaire, dû aux émissions de gaz à effet de serre, pour une large part lié à l’usage d’énergies fossiles.
"C’est vital" de trouver un accord, a souligné le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.
"On a une chance" d’aboutir, "on n’a pas le droit d’échouer", a-t-il ajouté, "le 11 décembre, il faut que je sois capable de soumettre aux 196 parties un texte (…). Oui c’est possible, c’est indispensable, c’est très compliqué mais tout le monde est mobilisé".
Laurence Tubiana, la négociatrice française, a rappelé que le contexte est plus favorable que celui de la conférence de Copenhague de 2009: "les grands pays émergents qui n’étaient pas décidés à Copenhague le sont (…) et il y a une immense mobilisation, des collectivités locales, des entreprises…".
Au nom des ONG, le Réseau Action Climat a pointé l’urgence des décisions, rappelant que le monde est loin de tenir son objectif de limiter à +2° la hausse du réchauffement: "on n’est pas assez entendus", a dit sa porte-parole, Alix Mazounie, relevant les inégalités mondiales face aux impacts du dérèglement climatique.
La conférence de Paris devra être un moment de "vérité", "où on sort des mots et on entre dans les actions", a dit Nicolas Hulot. "L’autre mot-clé c’est +solidarité+: nous sommes condamnés à partager nos richesses et nos technologies, a-t-il insisté.
Lors de sa conférence de presse semestrielle lundi, François Hollande avait mis en garde contre les "risques d’échec" de la COP, appelant ses participants à un "sursaut" notamment en matière de contributions financières aux politiques climatiques dans les pays pauvres.