Claude Guéant, le lance-flamme de la droite

Claude Guéant, le lance-flamme de la droite
Lorsque Claude Guéant était apparu récemment dans le radar de l’actualité des petites phrases sur l’immigration et l’Islam, ses sorties avaient une telle tonalité de gaffes politiques et de bavures verbales que l’impression était solidement installée que l’homme était en train de faire son apprentissage de métier de ministre. On ne sort pas impunément de la posture d’un influent conseiller de l’ombre qui murmure dans les oreilles des puissants pour clamer ses convictions à la lumière du grand jour. Le passage de la force occulte à la puissance publique doit être une nouvelle naissance.

Au début de ce rodéo verbal de la totale « Beaufitude», Claude Guéant parvenait même à arracher une forme de sympathie. Tant de candeur tant de spontanéité, qui fait l’irrésistible charme des propos de comptoir, donnait un air de débutant excusable dans ses maladresses à Claude Guéant. Il était presque rassurant de voir qu’une belle mécanique intellectuelle, comme celle qui distingue Claude Guéant, peut sombrer avec facilité dans le pugilat populaire et que les digues internes qui fabriquent les légendes respectables peuvent facilement lâcher dans le même état d’esprit d’un non consommateur de spiritueux sous l’effet d’une brusque consommation d’alcool.

Mais lorsque Claude Guéant a commencé à lancer ses propos sur l’Islam et les immigrés avec une régularité de métronome, faisant que chaque jour, la rubrique scandale politique accroche le nom du ministre de l’intérieur et des cultes, le doute bienveillant des premiers jours s’est évaporé. L’homme est non seulement conscient de la portée polémique de ses propos, mais semble inscrire sa démarche dans un agenda ouvertement provocateur.

Claude Guéant donne cette impression d’être chargé par le président de la république Nicolas Sarkozy de crever le maximum de tabous sur lesquelles prospère le Front National de Marine Le Pen. La stratégie de l’Elysée semble être la suivante : Plus on fait débat sur des thématiques qui nourrissent le Front National, plus on conserve la possibilité d’empêcher un exode des électeurs de la droite traditionnelle vers les chapelles extrêmes.

Appliquant fidèlement cette tactique, Claude Guéant a mis en ordre des éléments de langage si similaire à ceux du Front National que Marine Le Pen, dans un de ces traits d’humour à la sonorité roque, le baptise « membre d’honneur du Front National ». Loin de le choquer dans ses valeurs républicaines, ce compliment le rassure qu’il est sur la bonne voie et l’encourage à rajouter une couche comme celle qu’il vient de commettre sur l’accroissement du nombre des musulmans de France dont le comportement de certains pose problème. Une lourde flèche dégoupillée à la veille d’une convention sur la laïcité devenue synonyme d’une entreprise de stigmatisation des musulmans de France.

Face aux propos de Claude Guéant, jugés par certains comme encourageant l’islamo phobie, la gauche s’étrangle d’indignation à chacune de ses sorties. Traité de tous les noms, Claude Guéant n’en a pas cure. Son principal objectif, enlever à Marine Le Pen les constituants de sa rampe de lancement, ne pas lui laisser le monopole de la remise en question de la présence des musulmans et leurs cultes au sein du territoire de la république. Peu lui importe pour le moment que ses saillies contre l’Islam, les musulmans et les immigrées valent validation institutionnelle de la démarche xénophobe du FN.

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