Claude Bartolone à Atlasinfo : « La France n’a aucune leçon de démocratie à donner au Maroc »

Le président de l’Assemblée nationale française, M. Claude Bartolone, se rendra lundi 13 juin au Maroc pour sceller un jumelage entre son institution et la Chambre des représentants. Dans un entretien accordé à Atlasinfo, M. Bartolone a souligné que l’apport de la France se limitera à des conseils et orientations d’ordre technique et non politique. « La France n’a aucune leçon de démocratie à donner au Maroc », a-t-il affirmé.

Propos recueillis par Hasna Daoudi

M. Le Président, vous vous rendez au Maroc lundi 13 juin mai. Quel regard portez-vous sur l’évolution du Maroc ?

Je suis très heureux de me rendre au Maroc, à l’invitation de mon homologue Rachid Talbi El Alami, président de la Chambre des représentants. A l’occasion de l’adoption, par référendum, d’un nouvelle Constitution en juillet 2011, le Royaume du Maroc s’est lancé dans un processus de modernisation institutionnelle. C’est dans cette optique, et compte tenu des relations fraternelles et respectueuses que la France et le Maroc ont su entretenir au cours de l’Histoire, que l’Assemblée nationale française apporte son expertise technique à la Chambre des représentants du Maroc dans le cadre de ce jumelage institutionnel. Il convient toutefois de souligner que l’apport de la France se limite à des conseils et orientations d’ordre technique et non politique, les parties prenantes au jumelage étant force de proposition.

Vous allez signer à Rabat un accord de jumelage entre l’Assemblée nationale et la Chambre des représentants. Sur quoi porte ce jumelage et quels en sont les enjeux ?

Depuis juillet 2011, les pouvoirs du Parlement ont été élargis (élargissement du domaine de la loi, renforcement des modalités de contrôle du gouvernement, création d’un statut de l’opposition parlementaire notamment). Pour donner à la Chambre des représentants les moyens de son action, le jumelage institutionnelle s’est donné deux priorités : l’amélioration de la performance de l’action parlementaire en matière de vote des lois, de contrôle de l’action du gouvernement et d’évaluation des politiques publiques ; le renforcement des compétences et des capacités de l’administration et de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information.
Ce jumelage, c’est encore et toujours le témoignage de cette amitié entre les peuples français et marocain qui vient de loin et qui est destiné à toujours grandir.

Le Maroc dispose d’une vie parlementaire dynamique. Que peut apporter l’expérience française à l’expérience marocaine ?

Le peuple marocain dispose d’une vie démocratique énergique. La France n’a aucune leçon de démocratie à donner au Maroc. Nous ne proposons que des partenariats techniques, incluant des transferts d’expertise sur des sujets précis, dans le cadre d’une procédure spécifique entre le Maroc et l’Union européenne.
Ces échanges, ces partenariats sont le reflet de la relation très particulière que doivent entretenir le Maroc et la France, non seulement pour nos deux pays, mais aussi pour l’Afrique du Nord et l’Union européenne. La paix, la sécurité, la prospérité, l’intensité culturelle, se construisent ensemble. Nos deux pays constituent les portes d’entrée de nos continents respectifs pour la consolidation de tous ces enjeux de l’avenir.

Quelle sera la valeur ajoutée des groupes d’amitié dans le cadre de ce jumelage entre l’Assemblée nationale et la Chambre des représentants ?

Je suis accompagné lors de mon séjour à Rabat de Philippe Folliot, député du Tarn, vice-président du groupe d’amitié France-Maroc. Rien ne se fait, en matière de relations bilatérales parlementaires, sans le bénéfice de l’expérience et de la connaissance des groupes d’amitié. L’Assemblée nationale a toujours veillé à ce que les groupes d’amitié soient des instances de travaux, d’analyses, d’échanges d’expériences qui recèlent en leur sein des facultés d’expertise précieuses. Elles seront extrêmement utiles pour la réussite de ce jumelage.

Quels résultats peut-on retenir du Forum parlementaire Maroc-France qui s’est réuni à deux reprises ?

Les résultats significatifs sont reconnus par tous les participants et commentateurs des Forums parlementaires Maroc-France, qui ont réuni à deux reprises les parlementaires des chambres parlementaires des deux pays. Les discussions ont abordé les sujets économiques et sociaux de notre relation bilatérale. Elles ont permis d’étudier à fond la question de notre nécessaire coopération en matière de lutte contre le terrorisme. Elles ont également permis le succès des contributions marocaine et français aux travaux de la Conférence climat de fin 2015, à Paris.

Après la COP21 à Paris, le Maroc accueille en novembre la COP22 à Marrakech. Quelle sera la contribution des Parlements dans le cadre de l’Union Interparlementaire pour la réussite de cette conférence sur le climat?

Le Maroc accueillera en effet la COP 22 à Marrakech en novembre 2016.
Les Parlements nationaux ont un rôle fondamental à jouer dans le cadre de cet immense événement. Ils représentent la volonté populaire qui ne peut déléguer toute la substance d’une négociation internationale aux exécutifs. De plus, un accord aussi ambitieux doit se décliner dans chaque territoire ; il faut le traduire dans le quotidien de nos concitoyens pour pouvoir atteindre les objectifs fixés.
Nous sommes et nous devrons toujours être des acteurs exigeants, vigilants, toujours en élan, dans la lutte pour le climat. C’est le Maroc qui cette année va accompagner le couronnement de ce succès, qui n’est qu’un début.

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