Circoncision : les musulmans de France indignés par la décision de l’APCE

Le président de l’Observatoire national contre l’islamophobie, Abdallah Zekri, a dénoncé samedi la « décision scandaleuse prise par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) concernant la circoncision en la considérant comme mutilante pour les garçons et en la comparant à l’excision des petites filles ». « Je ne peux que m’indigner par une telle comparaison », a-t-il indiqué dans un communiqué, précisant que « Si l’excision enlève tout plaisir et tout désir dans les rapports sexuels, la circoncision n’a aucune incidence sur la question ».

Circoncision : les musulmans de France indignés par la décision de l’APCE
"En dehors des musulmans et des juifs, beaucoup d’européens et même des américains pratiquent, pour des raisons sanitaires, la circoncision », a-t-il dit, avant d’ajouer que la circoncision des enfants de sexe masculin est une « tradition religieuse millénaire dans l’Islam et le Judaïsme ».

Pour M. Zekri, le « Conseil de l’Europe devrait plutôt se préoccuper des enfants qui meurent chaque jour suite à des bombardements en minimisant leurs actes en déclarant qu’il s’agit de dégâts collatéraux, au lieu de répondre à des exigences de l’extrême droite de certains pays européens !! ».

Dans une résolution, adoptée le 1er octobre, l’APCE présente « la circoncision de jeunes garçons pour des motifs religieux » comme une « violation de l’intégrité physique des enfants » au même titre que « les mutilations génitales féminines » (comme l’excision). La résolution, basée sur le rapport de Marlene Rupprecht (une politique allemande membre de l’APCE), précise que : « Les tenants de ces pratiques [les] présentent souvent comme un bienfait pour les enfants, en dépit d’éléments présentant manifestement la preuve du contraire. »

L’Assemblée recommande aux Etats de "sensibiliser davantage leurs populations aux risques potentiels que peuvent présenter certaines des pratiques susmentionnées pour la santé physique et mentale des enfants".

Selon le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor, dont les propos ont été rapportés par Le Figaro, cette résolution constitue « une tache morale » et « encourage la haine et les tendances racistes de l’Europe ». Sur la question de la circoncision par rapport à l’excision, "Toute comparaison de la circoncision à la pratique condamnable et barbare des mutilations génitales féminines est au mieux le signe d’une ignorance consternante. Au pire, c’est de la diffamation et de la haine antireligieuse".

Suède : vers l’interdiction de la circoncision ?

Le Défenseur des enfants suédois appelle son pays à interdire la circoncision, qu’il estime contraire aux droits fondamentaux des garçons. « Circoncire un enfant sans justification médicale ni son consentement enfreint d’après nous les droits humains de cet enfant », écrit le défenseur des enfants, dans une tribune cosignée avec des professionnels de la santé dans le premier quotidien suédois, « Dagens Nyheter ». « L’opération est douloureuse, irréversible et peut entraîner des complications dangereuses », a-t-il rappelé.

La Suède a adopté en 2001 une loi autorisant la circoncision. Elle impose un âge maximal de deux mois, l’intervention d’un professionnel de la santé ou d’un religieux spécialement agréé, le consentement des parents et une information complète pour eux « sur ce que l’intervention implique ». Ce texte est l’objet d’un large consensus. Une proposition de loi pour interdire la circoncision, déposée en octobre par le parti d’extrême droite des démocrates de Suède, avait été rejetée en commission.

D’après le défenseur des enfants, la loi suédoise est contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant. Il cite l’article 24 par lequel la Suède s’est engagée à prendre « toutes les mesures efficaces appropriées en vue d’abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants ». Le gouvernement estime qu’environ 3 000 garçons sont circoncis chaque année en Suède.

En 2012, l’Allemagne a connu des mois de controverse après une décision d’un tribunal de Cologne en juin assimilant la circoncision à des « coups et blessures aggravés ». Le Parlement avait tranché en adoptant six mois plus tard une loi qui a autorisé la pratique pour des motifs religieux .

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