Catalogne : premiers signes d’apaisement entre Madrid et Barcelone

Vendredi, le gouvernement espagnol a appelé les séparatistes à dissoudre leur parlement et à convoquer des élections dans la région pour surmonter la crise.

Vendredi, des premiers gestes qui pourraient faciliter un dialogue entre les séparatistes catalans et le gouvernement sont apparus en Espagne, à trois jours de la date initialement envisagée en Catalogne pour une déclaration unilatérale d’indépendance qui inquiète fortement l’Europe.

À la mi-journée, alors que le chef du gouvernement Mariano Rajoy était réuni avec son conseil des ministres, le président catalan Carles Puigdemont a indiqué qu’il repoussait son intervention devant le parlement catalan, initialement prévue lundi. Les séparatistes envisageaient une déclaration d’indépendance unilatérale au cours de cette séance. L’annonce de Carles Puigdemont pourrait être perçue comme un geste puisqu’il ne cherche pas à tout prix à maintenir la séance de lundi en dépit de son interdiction par la Cour constitutionnelle.

En parallèle, le gouvernement espagnol a appelé vendredi les séparatistes catalans à dissoudre leur parlement et à convoquer des élections dans la région pour surmonter la crise entre Madrid et Barcelone, qui menace de déclarer l’indépendance unilatéralement. « Il serait bon de commencer à refermer la plaie en passant par le parlement de Catalogne (…) par le biais d’élections régionales », a déclaré Inigo Mendez de Vigo, porte-parole du gouvernement, lors d’une conférence de presse organisée à l’issue du conseil des ministres.

Nouvel appel au dialogue

Elle intervient après des déclarations du responsable des Entreprises au sein du gouvernement catalan, Santi Vila, réputé proche du président régional, où il réclame symboliquement « un cessez-le-feu » symbolique au gouvernement. « Cela signifie que dans les prochains heures et jours, nous ne prenions pas des décisions qui pourraient être irréparables », a-t-il expliqué. Puis, à l’attention de son camp indépendantiste, il a appelé à « réfléchir et à savoir clairement si la précipitation ne risque pas d’abîmer le rêve et de gâcher un projet [d’indépendance] n’ayant jamais été si proche ». Ces déclarations se produisent alors que les tensions entre Madrid et Barcelone ont plongé l’Espagne dans sa plus grave crise politique depuis que ce pays est redevenu démocratique, en 1977. Une crise qui divise la Catalogne, où vivent 16 % des Espagnols et où la moitié de la population n’est pas indépendantiste selon les sondages. L’impasse semble pour l’instant totale, alors que le gouvernement central de Mariano Rajoy écarte toute possibilité de médiation. « Pour dialoguer, il faut rester dans la légalité », a aussi déclaré jeudi Mariano Rajoy, ce qui a été rappelé par le porte-parole du gouvernement vendredi.

L’instabilité dans cette région grande comme la Belgique alarme tous les Espagnols, mais aussi l’Europe. « Défaire l’Espagne, c’est-à-dire un État-nation […], c’est défaire l’Europe. Et si on ouvre la boîte de Pandore, demain c’est le Pays basque, et après c’est le Pays basque français, et après c’est l’Italie du Nord, et après c’est la guerre », a estimé sur BFM TV l’ancien Premier ministre français Manuel Valls, originaire de Barcelone. Les séparatistes catalans envisagent de déclarer l’indépendance après la publication de résultats définitifs d’un référendum d’autodétermination qui s’est tenu le 1er octobre et qu’ils estiment déjà avoir emporté avec près de 90 % des suffrages et 42,3 % de participation. Ils pourraient chercher à profiter de l’élan plus favorable dont ils disposent dans l’opinion catalane, qui est aussi scandalisée par les violences policières ayant fait au moins 92 blessés et quelque 800 personnes ayant requis une assistance médicale.

Le préfet de région, principal représentant de l’État en Catalogne, a pour la première fois présenté des excuses vendredi au nom de ses agents. À Madrid, pendant ce temps, l’Audience nationale, spécialisée dans les affaires touchant à la sécurité nationale, a entendu le chef de la police catalane, son adjointe et les dirigeants des deux principales associations indépendantistes pour des faits de « sédition », des manifestations remontant au 20 et 21 septembre. Josep-Lluis Trapero, Jordi Sanchez (Assemblée nationale catalane) et Jordi Cuixart (Omnium) en sont ressortis libres, le parquet n’ayant pas requis leur placement en détention. Et les deux indépendantistes ont appelé au dialogue. « Il faut accepter la réalité, il y a un conflit politique, qui ne peut se résoudre que par la voie politique », a dit Jordi Cuixart.

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