Burkina faso: La CEDEAO appelle les putschistes à déposer les armes et dépêche une mission pour poursuivre la médiation

Le Sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a appelé, mardi à Abuja (Nigéria), la garde présidentielle, auteur du putsch au Burkina Faso, à déposer les armes, et décidé d’envoyer à Ouagadougou une nouvelle médiation de chefs d’Etat pour dénouer la crise.

Les chefs d’Etats de la CEDEAO se sont penchés sur la situation au Burkina Faso consécutive au coup d’Etat perpétré, jeudi dernier, par des militaires du Régiment de la sécurité présidentielle (RSP).

Au cours de ce sommet convoqué à l’initiative du président sénégalais, Macky Sall, président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, les participants ont examiné le projet d’Accord politique de sortie de crise élaboré suite à la mission de médiation entreprise par le président sénégalais et son homologue béninois à Ouagadougou.

A l’issue du Sommet, ils ont appelé la garde présidentielle à déposer les armes et demandé aux autres unités de l’armée loyaliste de ne pas faire usage de la force pour éviter des pertes en vies humaines.

Les dirigeants de la CEDEAO, qui ont condamné le coup d’Etat, n’ont pas approuvé la demande d’amnistie pour les responsables du coup d’état, contenu dans le projet d’accord.

Ils ont décidé par ailleurs de dépêcher une nouvelle mission de médiation au Burkina Faso pour dénouer la crise. La mission, attendue mercredi matin à Ouagadougou, est composé notamment des présidents du Nigeria, du Niger, du Togo, du Ghana, du Bénin et du Sénégal.

L’objectif étant d’"engager un dialogue politique avec toutes les parties prenantes, dans l’idée de trouver des aménagements négociés", a expliqué le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo.

A Ouagadougou où la situation reste très tendue, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida, détenu pendant six jours aux mains des militaires du RSP, a confirmé, mardi dans une déclaration, sa libération.

"Je confirme ma libération ce mardi matin aux environs de 04h (locale et GMT, NDLR). Je me porte bien mais moralement choqué par ce que traverse mon pays", a dit Isaac Zida tout en félicitant le peuple pour "sa lutte farouche pour la liberté, la paix et la démocratie".

S’adressant à ses frères d’armes du RSP, (Zida était le numéro2 de ce régiment avant les événements d’octobre dernier), il a souligné : "vous vous êtes engagés pour servir la patrie, mais le chemin que vous avez emprunté là est le mauvais. Revenez dans les rangs du peuple afin qu’ensemble nous construisons une nation de paix, de justice et de liberté".

Il a par ailleurs renouvelé sa "totale confiance" à l’ensemble des forces armées nationales.

A rappeler que des centaines de militaires de l’armée régulière étaient arrivés lundi soir à Ouagadougou pour désarmer les putschistes du RSP

Voulant rassurer les populations, le Chef d’Etat major des armées nationales, le général Pingrenoma Zagré, a affirmé que les forces loyalistes qui sont arrivées depuis hier (lundi) à Ouagadougou auraient pu, dès leur entrée en ville, attaquer le RSP et elles en avaient les capacités et les moyens.

"Si depuis longtemps cela n’a pas encore été fait, c’est parce que les militaires ont mis en avant la sécurité des populations", a-t-il ajouté, notant que "dans tous les cas, les populations ne seront pas déçues de la réaction de l’armée".

De son côté, le chef des putschistes a déclaré que le RSP rejette l’idée de déposer les armes, arguant attendre les décisions du Sommet extraordinaire de la CEDEAO. Il a dit, à la presse, vouloir éviter les affrontements avec l’armée régulière mais que ses éléments se défendront s’ils sont attaqués.

Dimanche soir, la médiation de la Communauté économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest a proposé un "projet d’accord politique de sortie de crise" au Burkina Faso qui a été soumis, mardi à Abuja, au sommet extraordinaire de l’organisation sous-régionale CEDEAO.

Ce projet d’accord, composé de13 points, propose le rétablissement de la transition avec Michel Kafando comme président, la libération sans condition de toutes les personnes détenues suite aux événements, le maintien du processus électoral et le retrait des militaires du gouvernement. Mais ce projet a été largement contesté au Burkina Faso, aussi bien par la société civile que par les partis politiques et les pouvoirs de transition.

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