Brexit: le Royaume-Uni plus divisé que jamais, l’Europe veut un divorce rapid

Partagé entre euphorie et colère, le Royaume-Uni était samedi plus divisé que jamais après le choc du Brexit et faisait face à des partenaires européens pressés d’organiser un divorce qui pourrait être acrimonieux.

Source AFP

Vingt-quatre heures après le verdict du référendum, les Britanniques et l’Europe essayaient d’encaisser une décision historique qui a fait plonger toutes les bourses mondiales et révélé de profondes fractures.

En Ecosse, où l’on a voté à plus de 60% pour le maintien dans l’UE contre une victoire générale du Brexit à 51,9%, le ressentiment montait. Le Parlement régional a été rappelé pour une réunion d’urgence samedi afin de disséquer les conséquences d’un vote qui pourrait entraîner un nouveau référendum d’indépendance dans la région.

A Londres, où l’ex-maire conservateur Boris Johnson, chef de file des pro-Brexit, a été hué à la sortie de sa maison vendredi, certains réclament, avec colère mais sans y croire, l’indépendance pour la capitale qui s’est largement exprimée en faveur de l’UE.

Sur les réseaux sociaux, les jeunes, qui selon les sondeurs ont aussi massivement voté pour un maintien, expriment leur colère contre leurs aînés qu’ils accusent d’avoir compromis leur avenir. "Qu’avons nous fait?", s’interrogent certains.

Les pro-Brexit continuaient, eux, à baigner dans l’euphorie après avoir fêté toute la nuit leur "Independance Day". Le leader du parti europhobe Ukip, Nigel Farage, a proposé que le 23 juin devienne journée de fête nationale. Et la presse eurosceptique, The Sun et Daily Mail en tête, louaient samedi le "courage" du peuple britannique.

La démission programmée du Premier ministre David Cameron a ouvert la question de sa succession et ajouté à l’incertitude ambiante. Boris Johnson semblerait un choix logique. Mais autant "BoJo" était populaire lorsqu’il était maire de Londres, autant il cristallise aujourd’hui la colère d’une partie du Royaume-Uni.

En Europe aussi le ton est monté, alors que les ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs se réunissaient à Berlin pour analyser les conséquences du choix sans précédent d’un pays européen de quitter l’UE.

"Ce n’est pas un divorce à l’amiable", a souligné le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker en réclamant que Londres dépose "immédiatement" sa demande de quitter l’UE.

Londres va à présent entrer dans un long tunnel de négociations sur les conditions de sa sortie, qui pourraient durer jusqu’à deux ans. D’ici là, le Royaume-Uni restera lié par les accords existants.

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a lui jugé "scandaleux" le choix de David Cameron de ne quitter son poste qu’en octobre, retardant d’autant les négociations sur le processus de sortie. "Tout un continent est pris en otage" par cette décision, a-t-il déploré.

"On ne laissera personne nous prendre notre Europe", a averti samedi le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier avant sa rencontre avec ses homologues français, italien, belge, néerlandais et luxembourgeois.

Paris et Berlin vont présenter à leurs partenaires des "solutions concrètes" pour rendre l’UE "plus efficace", "sans entrer dans de grandes constructions", a dit à l’AFP le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault.

La chancelière Angela Merkel, qui a regretté le "coup porté à l’Europe" et au "processus d’unification européenne", a invité lundi à Berlin pour en débattre le président français François Hollande et le chef du gouvernement italien Matteo Renzi.

Après le Brexit, "l’Allemagne va continuer à jouer un rôle central, voire même encore plus important au sein de l’Union européenne", a déclaré le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker au quotidien allemand Bild.

Alors que les mouvements populistes prospèrent à travers l’Europe, le Brexit pourrait provoquer une réaction en chaîne. Déjà, la chef de l’extrême droite française Marine Le Pen (FN) et le député d’extrême droite néerlandais Geert Wilders ont appelé à des référendums dans leur pays.

Les places boursières mondiales, prises à contre-pied par un vote qu’elles n’avaient pas anticipé, ont terminé la séance de vendredi en déroute, à l’exception notable de Londres, qui tirait son épingle du jeu du fait de la présence de nombreuses multinationales qui, pour certaines, ont peu d’activité en Europe.

La chute de la livre britannique a cependant obligé la Banque d’Angleterre à se dire prête à débloquer 250 milliards de livres (326 milliards d’euros).

Les quotidiens britanniques de samedi reflétaient la division d’un royaume écartelé.

"Chapeau, la Grande-Bretagne!", titrait le Daily Mail, un tabloïd qui a mené une campagne virulente contre l’Europe. "Voici le jour où le peuple silencieux de Grande-Bretagne s’est élevé contre l’élite méprisante de Bruxelles et une classe politique arrogante et déconnectée".

Du côté des pro-Europe, le Daily Mirror demandait en première page: "que diable va-t-il se passer maintenant?".

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