Bras de fer avec les Frères musulmans

Bras de fer avec les Frères musulmans
Les esprits s’échauffent. Mercredi, à Guizeh, dans la proche banlieue du Caire, une manifestation de Coptes (chrétiens d’Égypte) a fait un mort. À l’origine du conflit, la décision de l’administration d’arrêter la construction, sans permis, d’une église copte.

Un permis pour agrandir un centre culturel et social copte avait bien été délivré par la municipalité, mais les autorités ont vu rouge quand des coupoles sont sorties de terre. Le centre social se mettait à ressembler étrangement à une église. Or la construction d’un nouveau lieu de culte exige, en Égypte, un permis de construire particulier. Qui est accordé de façon rarissime aux chrétiens, en très grande majorité (de 6 à 7 millions) Coptes orthodoxes. Mercredi, la police envoyée sur le chantier pour arrêter la construction est accueillie à coups de pavés par deux cents protestataires décidés à en découdre. Elle réplique avec violence. Un Copte est tué par balle. Un autre, grièvement blessé, décède à l’hôpital, vendredi.

Ménager les musulmans

Si les heurts entre chrétiens et musulmans n’ont plus – sauf exception – la violence et la fréquence des années 1980, les Coptes déclarent se sentir mal à l’aise dans le pays. L’islamisation galopante du pays, le poids politique croissant du mouvement des Frères musulmans en sont une des principales raisons. Certains veulent relever la tête, quitte à se mettre dans l’illégalité, comme à Guiseh.

En période électorale, les autorités n’entendent pas se mettre en porte-à-faux avec une majorité musulmane alors qu’elles se sont lancées dans un violent bras de fer avec les Frères musulmans ces derniers mois. 1.260 d’entre eux ont été arrêtés dont deux candidats, à l’occasion des nombreuses explosions de ras-le-bol qui éclatent aux quatre coins du pays ; 500 sont encore en prison.

Enjeu présidentiel

Et chacun sait que si les Frères musulmans ont (sous l’étiquette d’"indépendants") emporté 88 sièges sur 444 (20 % des voix) aux législatives de 2005, le pouvoir n’entend pas qu’ils fassent un tel score cette année. Le ministre de l’Intérieur l’a avoué maladroitement au printemps dernier.

À un an de l’élection présidentielle (novembre 2011) qui verra Hosni Moubarak se succéder à lui-même ou probablement être remplacé par son fils Gamal, pas question de laisser la composition du parlement au hasard. Rien d’étonnant à ce que le plus difficile au Caire, ces derniers temps, soit de trouver un Égyptien qui déclare vouloir se déplacer pour aller voter.

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