Bernard Kouchner conjugue la Burqa à l’international

Quelle idée originale d’aller demander à Bernard Kouchner ce qu’il pense de la future loi interdisant la Burqa dans l’espace publique, lui à qui on demande de plus en plus rarement comment relancer le processus de paix entre israéliens et palestiniens, ce qu’il faut faire pour empêcher l’Iran de Mahmoud Ahmadinejad d’acquérir l’arme nucléaire ou simplement comment concevoir la relation France /Monde.

La légende véhiculée par « le Canard Enchainé » voudrait que lorsque Bernard Kouchner s’est essayé lors du dernier conseil des ministres à exprimer des craintes de voir des pays comme les USA ou l’Arabie Saoudite mal réagir à cette loi, Nicolas Sarkozy aurait explosé sur le thème : Nous n’avons pas de leçons à recevoir d’un pays comme les Etats-Unis où la peine de mort est toujours en vigueur ou des pays qui interdisent les églises chez eux alors qu’il y a en France 1200 mosquées.

Il faut dire que cette réaction de Nicolas Sarkozy n’a pas eu un effet dissuasif sur Bernard Kouchner. Lors d’un grand rendez vous dominical d’information, il remet une couche et explique sa pensée : « les Etats-Unis tiennent à la liberté religieuse et il y aura beaucoup d’ONG et de fondations américaines qui voudront démontrer notre erreur ». Et de pointer le cas de l’Arabie Saoudite qui selon lui dira « chez vous vous avez le droit de faire ce que vous voulez, mais chez moi j’ai également le droit de faire ce que je veux, comme par exemple de ne pas faire conduire les femmes ». Au passage, Bernard Kouchner rend hommage au Maroc pour sa modération: «Le Maroc comprendra, comprend déjà, c’est un pays où l’islam n’est pas oppressif ».

Au début de ce débat sur la Burqa, le ministère de affaires étrangères sous la houlette de Bernard Kouchner s’est préoccupé d’expliquer à certaines capitales arabes et occidentales le sens de la démarche de Nicolas Sarkozy qui avait opté pour une interdiction générale par voie législative. L’inquiétude est que le mal entendu de ce débat qui, mal expliqué, peut donner cette étrange impression d’une grande stigmatisation de l’Islam et de musulmans, puisse dégénérer en bouderie diplomatique et plus loin en sécheresse économique.

L’expérience française est échaudée par le débat en 2004 sur l’interdiction du voile à l’école. Le déficit de pédagogie et d’explications avait donné lieu à de nombreuses mauvaises compréhensions qui avaient handicapé pour longtemps les relations de la France avec certaines puissances musulmanes.

Bernard Kouchner n’est pas à sa première prise de distance du gouvernement sur des sujets aussi sensibles. Deux exemples à rappeler illustrent son palmarès. Son refus du recours au test ADN pour le regroupement familial des immigrés et son positionnement très réservé sur le sulfureux débat sur l’identité nationale.

Si, en tant que ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner est dans son rôle lorsqu’il se fait l’écho de possibles critiques internationales contre cette loi anti-Burqa, il n’est pas certain qu’une telle posture puisse améliorer ses relations avec Nicolas Sarkozy. La chronique politique décrit les deux hommes comme plus proches du divorce. Bernard Kouchner arrive régulièrement en tête des ministres partants dans le cas d’un vrai remaniement gouvernemental.

Pour Atlasinfo et Aujourd’hui le Maroc

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