Bataille pour le contrôle du nouveau lieu de prière musulman à Paris

Bataille pour le contrôle du nouveau lieu de prière musulman à Paris
Un mois et demi après l’interdiction des prières dans les rues de Barbès à Paris par le ministre de l’Intérieur, la cohabitation est difficile entre responsables musulmans originaires du Maghreb et ceux de l’Afrique subsaharienne, qui se disputent le contrôle du nouveau lieu de culte.

"Je ne veux pas de ce bébé, je ne peux pas le gérer avec les Africains", tranche sans détour cheikh Salah Hamza, imam d’origine algérienne de la mosquée de la rue Myrha, auprès de l’AFP.

"Il veut nous asservir", répond avec la même franchise Assani Fassassi, secrétaire général d’origine béninoise de la Fédération française des associations islamiques, des Comores et des Antilles.

Résultat: la préfecture de police (PP) attend toujours les statuts de l’association devant gérer ce nouveau lieu de culte, qui accueille les fidèles de la mosquée Khaled Ibn al-Walid de la rue Myrha (Maghrébins) et ceux de la mosquée El Fath de la rue Polonceau (Subsahariens), et les fonds issus des donations et des subventions.

Une succession d’organigrammes n’a pas recueilli l’accord des parties. Le dernier prévoit un conseil d’administration à vingt membres répartis à égalité et donne à la mosquée Khaled Ibn al-Walid la présidence de l’association (M. Hamza), ainsi que le poste de trésorier, tandis que le secrétariat général (M. Fassassi) revient à la mosquée Al-Fath.

"C’est toujours nous qui avons fait des concessions. Je redoute très sérieusement que la PP me demande maintenant de renoncer au poste de secrétaire général", craint M. Fassassi, jugeant qu’il y a là "une ligne rouge" à ne pas franchir.

Contacté par l’AFP, le ministère de l’Intérieur n’a pas souhaité faire de commentaires. Pour la préfecture de police, qui tient à rester "neutre" et prévoit prochainement une réunion, "les petites tensions sont à relativiser, car c’est normal dans une phase de négociation". "Il y a eu des concessions de part et d’autre, on n’est pas trop inquiet", relève-t-on, en soulignant qu’il y a "un vrai succcès de fréquentation".

"Guerre des chefs"

Selon M. Fassassi, la PP veut trouver une solution avant le début de la campagne présidentielle pour ôter à Marine Le Pen un de ses arguments. La présidente du Front national (FN) avait allumé une polémique en faisant un parallèle entre les prières de rue à Barbès et l’occupation allemande.

Le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a pris en charge la question née de l’absence de lieux appropriés, mettant fin à une situation qui prévalait depuis une quinzaine d’années avec l’aménagement d’une ancienne caserne située boulevard Ney (18e arrondissement de Paris). Le bâtiment abrite deux grandes salles de 750 m2 et 600 m2.

Depuis le 16 septembre, environ 4.000 fidèles s’y retrouvent chaque semaine à l’occasion de la grande prière du vendredi. Pour éviter toute dissension, les responsables religieux ont décidé que les imams de l’une et l’autre mosquées devaient conduire alternativement la prière et prononcer le prêche. Cette ambiance conviviale a réjoui les autorités.

Mais "le succès s’est estompé, on va vers vers l’échec", tempérait vendredi cheikh Hamza, avertissant ne pas exclure un retour à sa mosquée de la rue Myrha. "Je n’ai pas trouvé un terrain d’entente" avec les voisins de la rue Polonceau, ajoute l’imam, qui évoque des "questions philosophiques" ou encore de "compréhension de l’islam".

Selon lui, 80% des fidèles qui fréquentent le boulevard Ney sont d’origine maghrébine. Outre ceux des deux mosquées de la Goutte d’Or, il y a aussi, dit-il, d’autres fidèles venus des banlieues proches comme Saint-Ouen et Saint-Denis.

"Ce n’est pas un raisonnement républicain", déplore M. Fassassi, en soulignant que "l’islam n’est pas ethniciste" et que "les musulmans se foutent de cette guerre des chefs".

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