Ban Ki-moon inquiet des mesures d’urgence prises en Ethiopie

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est déclaré lundi inquiet des mesures prises par l’Ethiopie dans le cadre de l’état d’urgence et a appelé le gouvernement à « préserver les droits de l’homme fondamentaux ».

M. Ban "suit avec préoccupation les événements en Ethiopie, y compris la proclamation de l’état d’urgence" le 9 octobre, a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric.

Le secrétaire général "exhorte les autorités à préserver les droits de l’homme fondamentaux". Il "réitère son appel au calme et à la modération et recommande un dialogue inclusif pour résoudre les différends", a-t-il ajouté.

Instauration de larges "zones rouges"

Le gouvernement éthiopien a annoncé une trentaine de mesures dans le cadre de l’état d’urgence décrété le 9 octobre, imposant notamment de sévères restrictions pour les déplacements dans le pays et interdisant la consultation de certains médias d’opposition basés à l’étranger.

Selon une liste publiée dimanche soir par le "poste de commande" instauré par l’état d’urgence et relayée par les médias locaux, les autorités ont instauré de larges "zones rouges" le long des frontières et autour des grands axes routiers, dans lesquelles les déplacements sont sévèrement contrôlés.

Les diplomates étrangers basés en Ethiopie ont par ailleurs interdiction de se déplacer au-delà d’un périmètre de 40 km autour de la capitale Addis Abeba, sauf autorisation spéciale.

Les autorités éthiopiennes ont décrété le 9 octobre l’état d’urgence pour une durée de six mois, pour tenter de juguler un violent mouvement de contestation antigouvernementale sans précédent depuis un quart de siècle, dont la répression a déjà fait des centaines de victimes, selon les organisations de défense des droits de l’homme.

"C’est un état d’urgence et il faut s’attendre à des mesures répressives", a déclaré à l’AFP sous couvert d’anonymat un diplomate occidental basé à Addis Abeba.

"Mais nous attendons aussi une ouverture de l’espace politique pour l’opposition comme annoncé par le président au Parlement", a-t-il ajouté. Or, "ce n’est pas ce à quoi nous assistons pour le moment".

Les directives imposent également des restrictions dans l’accès aux médias. Il est désormais illégal de consulter ou de diffuser sur les réseaux sociaux les informations données par deux médias d’opposition basés aux Etats-Unis, Ethiopian Satellite Radio and Television (ESAT) et Oromo Media Network (OMN).

Les partis politiques se voient par ailleurs interdits de "faire des déclarations à la presse pouvant inciter à la violence".

La liste publiée inclut également un couvre-feu entre 18h00 et 06h00 autour d’"intérêts économiques" stratégiques tels que les usines, fermes agricoles et institutions gouvernementales. Plusieurs entreprises étrangères ont été prises pour cible par les manifestants au cours des dernières semaines.

Vendredi, un journaliste de l’AFP a été arrêté et brièvement emmené au poste de police alors qu’il se trouvait dans le cadre de son travail dans une zone industrielle de Sebeta, au sud-ouest d’Addis Abeba.

(Avec AFP)

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