Bachar al Assad …Partant hier, incontournable aujourd’hui

Certains l’appelleront la grâce russe. D’autres feront allusion aux sept vies de Bachar. Mais ce qui se passe autour de la crise syrienne est d’une exception inédite. Le maître de Damas était sur le point de poser un genou à terre, de rendre les armes et le pouvoir. L’opposition aiguisait déjà dans le désordre total son appétit et distribuait les maroquins. Les chaînes de télévision préparaient déjà leur bio nécrologie du système Baas.

Bachar al Assad ...Partant hier, incontournable aujourd
Impossible de le nier donc. Au Proche Orient, nous sommes passés d’une époque à une autre. La première était radicalement guerrière. Le président Bachar al Assad s’apprêtait à recevoir le tapis de bombe international qui fait craquer tous les dictateurs. Aujourd’hui même si on ne va pas jusqu’à imaginer lui dérouler le tapis rouge dans les capitales qui comptent, plus rien ne peux se faire en Syrie sans lui.

C’est qu’entre temps le compromis russo- américain sur les armes chimiques est passé par là, avec résolution onusienne et un original show new yorkais pour l’orchestrer. Aujourd’hui, plus personne presque, à part l’opposition syrienne, ne parle de faire tomber Bachar al Assad. L’esprit même de cette grande entente sur la Syrie implique qu’il soit efficacement présent au cours des principales phases de son application.

Découvrant brusquement cette situation, les médias américains et français exprimaient un étonnement teinté de regrets. Le journal français Le Monde n’a-t-il pas affiché récemment à sa une la photo du président syrien avec ce titre rempli de dépit " Bachar al Assad …sans une égratignure".

Aujourd’hui, la Syrie n’est présente dans la grande actualité internationale qu’à travers les drames de ses réfugiés syriens qui, avec le désespoir des rescapés, fuient le pays. Les camps de réfugiés des pays voisins grossissent tous les jours. Les pays Européens commencent à sentir la vague de ses nouveaux aux exilés d’un autre style, avec le fardeau humanitaire et Economique que cela implique.

Il est vrai que les combats entre les opposants et l’armée de Bachar continuent sur le terrain. Mais s’ils ne perdent rien de leur intensité, ils perdent beaucoup de leur attraction médiatique. Et la crise syrienne entre dans une phase quasi kafkaïenne: comment continuer à armer l’opposition pour faire tomber Bachar al Assad alors que l’on a encore besoin de lui pour garantir le démantèlement des armes chimiques et venir à la table de Genève deux pour organiser la transition politique.

Deux conséquences majeures de cet imbroglio. La première, moins grave, concerne deux pays, le Qatar et l’Arabie Saoudite, qui ne savent plus où donner de la diplomatie alors qu’ils avaient déjà un doigt sur le fusil et un autre sur le chéquier pour entamer une guerre de changement de régime à Damas. La seconde plus dangereuse est celle dont on voit déjà les prémisses, de luttes intestines de l’opposition syrienne entre tendance laïque et tendance djihadiste. Cette guerre là Bachar al Assad doit la bénir. Elle participe aussi à son maintien au pouvoir.

S’il paraît quasi certain aujourd’hui que Bachar al Assad ne sera plus jamais réhabilité ni dans son environnement régional ni par les grandes puissances, le volume de crimes commis sous sa direction a depuis longtemps atteint le point de non retour, le président syrien n’est pas prêt de quitter la scène politique. Sauf accélération de l’histoire inattendue, le maître de Damas est assuré de terminer son mandat qui court jusqu’en 2014. Sur cette échéance plane le plus grand des mystères. La voix officielle cultive le suspens et affirme que rien n’empêche Bachar de se représenter s’il le désire. Certains au sein du régime font de sa candidature la parfaite et indispensable illustration de leur victoire sur le terrorisme. D’autres préfèrent attendre les probables résultats de Genève II dont la tenue, s’il doit avoir lieu, se fera plus sous pression internationale que par nécessité syrienne. Car les différents protagonistes ont déjà affuté leurs argumentaires. L’opposition syrienne ne veut pas discuter avec un criminel accusé d’avoir gazé son peuple et le président syrien trouve indécent qu’on l’oblige à s’associer et à négocier avec des terroristes. Ce sont là les grandes lignes qui encadrent le dernier espoir de sortir la Syrie de la spirale de la violence.

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