« Au Maroc, il serait absurde de créer un conflit artificiel entre professeurs de philosophie et d’éducation islamique » (ministre)

Dans un entretien lundi au journal Le Monde, le ministre marocain de l’éducation nationale Rachid Benmokhtar répond à la polémique sur un manuel d’éducation islamique qui décrit la philosophie comme « l’essence de la dégénérescence » et « contraire à l’islam ». et affirme qu’ »Au Maroc, il serait absurde de créer un conflit artificiel entre professeurs de philosophie et d’éducation islamique ».

La citation dans le manuel contesté d’Ibn Salah Achahzouri, un clerc musulman du XIIIe siècle, "est contextualisée. Elle est introduite dans un chapitre intitulé "philosophie et foi", qui est une nouveauté de la réforme de l’enseignement islamique", a expliqué le ministre.

Selon le ministre, les auteurs du manuel ont présenté deux points de vue. "Le premier explique, pour résumer, que la raison est un élément fondamental de la foi. C’est donc une position favorable à la philosophie. Puis, il y a cette citation hostile à la philosophie. Il est demandé au professeur d’ouvrir une discussion avec les élèves".

" Or, déplore le ministre, la citation a été détachée de ce contexte et présentée comme étant la définition que donne l’école marocaine de la philosophie, ce qui est totalement faux".

Regrettant les prises de position de certains professeurs, Rachid Benmokhtar rappelle que durant toute l’année 2016, "nous avons mené une réforme globale des programmes et des manuels de l’éducation islamique. C’est un travail important que je ne laisserai pas mépriser".

"Il est possible que le curriculum actuel présente quelques imperfections mais cela reste marginal. On parle d’un manuel sur 29. On aurait pu s’attendre de la part de ces professeurs à une attitude plus en phase avec leur discipline et avec la culture du débat. Malheureusement, on est passé tout de suite à la polémique, aux sit-in [les 21, 22, 23 décembre derniers], puis à l’exigence de retirer le manuel", a-t-il ajouté.

Pour le ministre, "le débat entre la philosophie et la religion est universel, et cette polémique survient alors que pour la première fois nous avons essayé de rapprocher la philosophie de l’éducation islamique".

"Jusque-là, la manière dont ces disciplines étaient enseignées dans les lycées marocains faisait penser à deux mondes totalement séparés. Or, quand les élèves sont confrontés à deux discours antagonistes et exclusifs, ils sont perdus et c’est là qu’il faudrait s’alarmer", a-t-il poursuivi.

"Au Maroc, il serait absurde de créer un conflit artificiel entre professeurs de philosophie et d’éducation islamique. Il faut au contraire créer des ponts", a dit Rachid Benmokhtar.

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