Au Mali, « prise d’otages » en cours dans un hôtel fréquenté par des Occidentaux, au moins 4 morts

Des hommes armés ont attaqué vendredi à Sévaré, dans le centre du Mali, un hôtel fréquenté par des Occidentaux, où selon plusieurs sources ils retiendraient des otages, un raid qui a d’ores et déjà fait quatre morts, dont deux militaires et un assaillant.

Des hommes armés ont fait irruption tôt vendredi matin dans la ville et se sont infiltrés dans l’hôtel Byblos, a affirmé à l’AFP une des sources militaires jointe à Gao, la plus grande ville du Nord malien (570 km à l’est de Sévaré) où l’armée dispose d’un poste de commandement opérationnel.

Juste après, des membres des forces maliennes se sont déployés pour tenter de mettre à fin à cette attaque à Sévaré, ville stratégique localisée à une douzaine de kilomètres de Mopti, la capitale régionale.

"Les Fama (Forces armées maliennes) ont bouclé la zone" d’où elles tentent de les déloger. Cette attaque "est une prise d’otages" qui se poursuivait dans l’après-midi, a affirmé une source militaire.

Les Fama ont enregistré "deux morts et trois blessés dans leurs rangs", un homme avec une ceinture explosive "a été abattu" et, devant l’hôtel, gît le corps d’un homme à la peau blanche, a-t-elle précisé.

Selon une des sources militaires, au moins cinq étrangers – trois Sud-Africains, un Français et un Ukrainien – étaient enregistrés dans cet hôtel avant l’attaque. Une autre a évoqué une tentative d’enlèvement, piste également avancée par des habitants de la ville joints par l’AFP.

Une porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Mariana Betsa, a également évoqué une prise d’otages, au nombre desquels un Ukrainien. "Il y a un Ukrainien parmi les otages. Avec nos partenaires étrangers, nous prenons des mesures d’urgence en vue de la libération de notre citoyen", a-t-elle écrit sur Twitter.

Sollicité par l’AFP, le ministère sud-africain des Affaires étrangères a simplement déclaré: "Nous sommes au courant de la situation au Mali. L’ambassade sud-africaine est en contact avec les autorités. Il n’y aucun autre détail à ce stade".

Aucun commentaire n’avait pu être obtenu de sources françaises.

De son côté, le chargé de communication de l’ambassade de Russie au Mali, Viktor Gorelov, cité par l’agence Interfax, a indiqué que trois ressortissants Russes "étaient sains et sauf", démentant des informations les donnant retenus en otage dans l’hôtel. M. Gorelov a ajouté qu’un autre Russe, employé d’une société d’aviation (UTair) pourrait se trouver dans l’hôtel Byblos.

Jusque vers 15H00 (locales et GMT) à Sévaré, "des tirs sporadiques" étaient entendus "autour de la zone des hôtels Byblos et Debo", établissements voisins, a indiqué un élu local.

"Des assaillants ont pris en otage des expatriés dans un de ces hôtels qui sont dans la même zone. L’armée a complètement bouclé la zone et la ville est quadrillée. Il a été demandé à la population de rester à la maison", a-t-il témoigné sous couvert d’anonymat.

Selon lui, les personnes retenues par les assaillants pourraient être des membres de personnels de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), habitués à séjourner dans les hôtels de cette ville. Il n’était cependant pas en mesure de préciser leur nombre ni leurs nationalités.

Aucune source n’avait pu être jointe à la Minusma vendredi après-midi.

– Troisième attaque en une semaine –

Mopti se situe à la lisière du vaste Nord malien, où ont été enlevés de nombreux Occidentaux et qui était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes islamistes extrémistes liés à Al-Qaïda – dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) – qui avaient profité d’une offensive rebelle touareg contre l’armée.

Les jihadistes ont été en grande partie chassés et dispersés de ces régions à la suite du déclenchement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une opération militaire internationale, toujours en cours. Cependant, des zones entières échappent encore au contrôle des autorités maliennes comme à celui des forces étrangères.

L’attaque à Sévaré est la troisième en moins d’une semaine dans le pays, après deux assauts ayant fait 13 morts parmi les militaires: deux ont péri dans une embuscade vers Nampala (centre) le 1er août, 11 ont été tués sur une base de la Garde nationale à Gourma-Rharous nord-ouest) le 3 août. Cette dernière opération a été revendiquée par Aqmi, selon l’agence de presse privée mauritanienne Al-Akhbar.

Un autre habitant, un jeune, a aussi indiqué que les assaillants avaient "essayé d’enlever des Occidentaux".

Longtemps concentrées dans le nord du Mali, les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l’année vers le Centre, puis à partir de juin dans le Sud, près des frontières ivoirienne et burkinabè.

Ces assauts illustrent la difficulté d’isoler les jihadistes des rebelles ayant signé le 20 juin un accord de paix entériné par le camp gouvernemental le 15 mai, visant à établir une paix durable dans le nord du Mali.

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