Au Liban, Marine Le Pen se pose en future présidente

Marine Le Pen, candidate d’extrême droite à la présidentielle française, s’est posée lundi au Liban en future locataire de l’Elysée, rencontrant pour la première fois un chef d’Etat étranger, le président Michel Aoun, tout en étant confrontée aux critiques que ses positions suscitent.

Les principales têtes de l’exécutif libanais ont reçu Mme Le Pen avec plus de distance que fin janvier Emmanuel Macron, l’un des ses grands adversaires.

A l’époque, M. Aoun avait reçu l’ancien ministre français de l’Economie dans un bureau plus chaleureux que l’immense salle dans laquelle il se tenait lundi à bonne distance de Mme Le Pen, après une protocolaire poignée de main.

Saad Hariri, le Premier ministre et leader de la communauté sunnite du pays, avait lui salué en M. Macron un "ami", ajoutant: "Ce qu’il représente, la jeunesse, la manière de faire la politique, est important".

Cette fois, c’est par un communiqué, plutôt qu’en raccompagnant son hôte à l’issue de la rencontre, que le locataire du Grand Sérail de Beyrouth, le Palais gouvernemental, a mis en garde Mme Le Pen contre tout "amalgame" entre islam d’un côté et terrorisme de l’autre.

"On accueille tous les candidats", résumait poliment une source au Palais.

Même tonalité du côté des quelques députés francophones de toutes tendances politiques, Hezbollah mis à part, rencontrés ensuite par Mme Le Pen: Alain Aoun, neveu du président, a certes expliqué à quelques journalistes qu’au Liban, le "patriotisme" tant vanté par la candidate d’extrême droite "n’est pas vraiment un tabou".

Mais il a aussitôt ajouté : "On n’est pas en train de soutenir quiconque".

Qu’importe, pour Marine Le Pen. Cortège de grosses cylindrées noires, sécurité à cran, ors gouvernementaux: l’image est belle, à deux mois de la présidentielle française, pour laquelle elle veut asseoir sa crédibilité.

Jusque-là, Mme Le Pen s’était cantonnée au Premier ministre égyptien ou au chef de la diplomatie polonaise. Elle n’avait pas été reçue en janvier par le président américain élu Donald Trump et sa future administration ni au printemps dernier par les politiques canadiens.

La candidate n’a donc pas boudé son plaisir, promettant à plusieurs reprises devant de nombreuses caméras une future "visite officielle" sur place en cas de victoire à la présidentielle… et évitant pour autant la plupart des questions.

Elle a surtout rappelé certaines positions: Bachar al-Assad, le président de la Syrie voisine engagée dans une guerre aux conséquences régionales dramatiques, notamment pour le Liban, est "une solution bien plus rassurante pour la France que l’Etat islamique", a-t-elle dit, assumant son point de vue "binaire".

Interrogée après une rencontre avec le ministre libanais des Affaires étrangères Gebrane Bassil sur le meilleur moyen de protéger les chrétiens d’Orient, Mme Le Pen a répondu tout de go : "éradiquer le fondamentalisme islamiste".

"La protection des chrétiens consiste à ce qu’ils puissent rester sur leurs terres", a-t-elle aussi insisté, sur un terrain investi par un autre de ses adversaires, le candidat de droite François Fillon.

Marine Le Pen, qui prône l’arrêt de toute immigration et une réduction drastique du nombre de réfugiés admis en France, a salué "le courageux et généreux Liban", un pays de quatre millions d’habitants qui accueille environ un million de réfugiés syriens.

"Mais ça ne pourra pas durer éternellement", a-t-elle mis en garde.

Devant les Libanais, elle s’est présentée comme une "amie ancienne et fidèle", et a cité, fait rare, son père Jean-Marie Le Pen, par lequel elle a "tant entendu parler" du pays… et qu’elle a fait exclure du Front national en 2015.

A Beyrouth, la candidate, actuellement donnée par les enquêtes d’opinion en tête du premier tour de la présidentielle (23 avril) mais battue au second (7 mai), a pu aussi se donner un peu d’air vis-à-vis de son actualité judiciaire.

Au moment où elle visitait la cathédrale orthodoxe Saint-George, le siège de son parti à Nanterre était en effet perquisitionné dans le cadre de l’enquête sur les soupçons d’emplois fictifs d’assistants au Parlement européen.

(Afp)

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