Au Danemark, un parti pro-immigration défie la droite populiste

Un parti politique favorable à une politique d’immigration plus généreuse et à l' »interdiction d’interdire » les symboles religieux vient de voir le jour au Danemark au moment même où la droite populiste gagne du terrain.

"Le discours ambiant a pris un tournant à droite. Plus de 40 ans après l’arrivée de nos parents, nous sommes encore là à nous demander si on est vraiment chez nous", a déclaré le président du Parti national Kashif Ahmad lors d’une conférence de presse.

Avec son logo avec le drapeau danois, le parti affirme que les "valeurs danoises comme le respect, la tolérance, et la coexistence pacifique" subissent des "attaques" alors que la classe politique danoise dans son ensemble utilise la même rhétorique que le populiste et populaire Parti du peuple danois.

"Nous sommes danois. Je ressens en danois, je pense en danois et je rêve en danois", a dit M. Ahmad. Le jeune homme d’origine pakistanaise est l’un des cofondateurs du parti avec ses deux frères.

En Europe, le Parti du peuple danois (PPD) a été l’un des premiers partis anti-immigration à s’immiscer dans les sphères du pouvoir. Il a soutenu les gouvernements conservateurs au Danemark entre 2001 et 2011 en échange de règles resserrées sur l’immigration.

Profitant de la fragilité de l’économie danoise, il est devenu le premier parti du pays lors des dernières élections européennes. Il a rassemblé plus d’un tiers des votes.

"Depuis 2001, dans chaque élection, les étrangers ont été un thème central", a constaté M. Ahmad.

"Au fil des années, beaucoup de partis ont suivi la même direction et avec le temps, il est devenu difficile de distinguer les déclarations politiques qu’elles soient de droite ou (…) de gauche", a-t-il ajouté.

– "Des invités indésirables" –

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Le parti social-démocrate du Premier ministre ministre Helle Thorning-Schmidt, avait fait campagne en faveur d’une politique d’immigration plus humaine. Pourtant, depuis 2011 et son arrivée au pouvoir, il a peu remis en cause les règles restrictives imposées par le PPD.

A gauche, les personnalités politiques semblent aussi avoir été influencées par la rhétorique de leurs opposants. Un éminent social-démocrate a déclaré dernièrement que les demandeurs d’asile étaient des "invités indésirables" au Danemark.

Le Parti national réfute vouloir faire des Danois d’origine étrangère le socle de son électorat. Il a pourtant fait de la suppression de la "règle de 24 ans" l’une de ses six priorités.

Cette règle interdit à tout étranger de vivre au Danemark avec son partenaire danois avant ses 24 ans. Officiellement instituée pour limiter le nombre de mariages forcés, ses critiques considèrent qu’elle viole les règles internationales.

Le parti veut également supprimer l’"obligation de relation" selon laquelle le rassemblement familial n’est possible que si la somme des liens de la famille avec le Danemark "est plus importante" qu’avec n’importe quel autre pays.

Il veut aussi s’assurer de l’autorisation du port des insignes religieux sans restriction en public. Il souhaite également "faire une analyse approfondie" de la manière dont le conflit israélo-palestinien pourrait être résolu.

La Suède a dernièrement annoncé qu’elle allait reconnaître l’État de Palestine.

Selon M. Ahmad, le faible taux de natalité du Danemark et un recul du nombre d’immigrants pourrait mettre en péril la qualité du niveau de vie.

"Une analyse économique montre qu’il va manquer 250.000 (salariés), si nous voulons garder le même niveau de vie que les Suédois d’ici à 2030", a-t-il expliqué.

Pour présenter une liste aux élections législatives, un parti politique doit rassembler quelque 20.000 signatures, un objectif que même des personnalités politiques connues ont du mal à atteindre. Pourtant, le Parti national affirme en avoir déjà recueilli 7.000.

D’aucuns doutent toutefois que la nouvelle formation puisse obtenir un siège lors des prochaines législatives qui devraient avoir lieu avant septembre 2015.

D’autres partis soutiennent un programme semblable mais ils ne comptent pas parmi les poids lourds, explique un professeur de sciences politiques à l’Université d’Aarhus, Peter Nannestad, dans les colonnes du quotidien Berlingske.

"La seule possibilité que je vois pour le Parti national, c’est de mobiliser les nombreux immigrants qui n’ont jusqu’à présent pas été voter", estime-t-il, avant de conclure: "Mais, même s’ils le font, je doute que ça suffise".

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