Attentat déjoué: le gouvernement en fait-il trop ?

Le gouvernement de François Hollande communique-t-il trop sur les attentats? C’est l’impression installée depuis que le ministre de l’Intérieur avait dévoilé l’avortement d’attentats terroristes que s’apprêtait à commettre le jeune algérien de 24 ans, Sid Ahmed Ghlam, en liaison, semble-t-il, avec des commanditaires localisés en Syrie. Dans la même journée se sont succédés sur les estrades, le Premier ministre Manuel Valls, le président François Hollande, le procureur chargé de l’enquête , sans parler des multiples experts du renseignement chargées de décoder et de donner des éclairages.

Par Mustapha Tossa

Cette situation suscite deux types de réactions. La première se veut compréhensive. Parce que la société vit au rythme haletant des chaînées d’info et des réseaux sociaux, la communication gouvernementale se doit d’épouser ces plis et ces reliefs surtout quant il s’agit de projets d’attentats terroristes. Le bénéfice pour le gouvernement est double, montrer que l’on occupe le terrain de la sécurité des Français avec responsabilité et détermination et donc maîtriser les peurs paniques qui peuvent en résulter. C’est le sens de la déclaration de Manuel Valls lorsqu’il affirme : "La menace n’a jamais été aussi importante, nous n’avons jamais eu à faire face à ce type de terrorisme dans notre histoire"

Les tenants de la seconde réaction accusent le gouvernement d’instrumentalisation, pour des raisons politiciennes, de ce genre d’événements dramatiques. C’est le sens de la déclaration de Henri Guaino, l’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée: "Je trouve qu’il y a une surexploitation et une sur-dramatisation qui créent une angoisse générale."

Cette méfiance à l’égard de l’exécutif est née au lendemain de attentats contre Charlie Hebdo la supérette Casher et la gigantesque manifestation qui avait suivi. La célébration par François Hollande de l’esprit du 11 janvier faisait craindre à ses adversaires politiques que l’homme puisse gagner en détermination et en efficacité sur le plan de la sécurité ce qu’il avait perdu en crédibilité sur le plan de la politique économique. Sans parler de ceux qui accusent le gouvernement d’en faire trop pour faire passer dans l’opinion les lois antiterroristes les plus liberticides.

Il est vrai que les sondages n’ont pas encore répercuté ces gains éventuels sur le popularité de François Hollande, mais l’opposition comme semble l’indiquer l’angle d’attaque choisi par Henri Guaino, préfère lui gâcher la stratégie, celle d’incarner aux yeux des Français le gouvernement apte à les protéger de toutes les menaces extérieures et intérieures. Ce qui à l’ombre de la longue séquence électorale qui se perpétue en France n’est pas une mince affaire.

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