Assemblée nationale : le grand oral de Manuel Valls

our J pour le nouveau Premier ministre Manuel Valls, qui s’apprête à réclamer la confiance à l’Assemblée nationale devant une majorité circonspecte et une opposition qui attend une clarification de la politique économique du gouvernement. À 15 heures, dans un hémicycle plein à craquer, M. Valls va vivre son baptême du feu de chef du gouvernement en prononçant son très attendu discours de politique générale. Il posera dans la foulée la question de confiance à l’Assemblée, selon l’article 49.1 de la Constitution. S’il échoue, son gouvernement sera renversé. Mais cela paraît très improbable, le PS ayant à lui seul la majorité absolue (291 des 577 sièges).

Les enjeux sont cependant multiples et de taille pour M. Valls, qui a succédé à Jean-Marc Ayrault à Matignon il y a une semaine jour pour jour. Ce discours doit avant tout donner un élan et mettre sur de bons rails le "gouvernement de combat" voulu par François Hollande après la gifle des municipales. Il participera auparavant mardi matin à la conférence des présidents de groupe à l’Assemblée, avant d’assister à la réunion du groupe PS. Le 3 juillet 212, le prédécesseur de M. Valls avait ainsi fait naître de premiers doutes dans son camp en livrant une prestation longue et sans saveur. Manuel Valls, qui prépare avec ses conseillers depuis plusieurs jours ce discours, promet une prestation "concrète", à l’image de celle délivrée par Michel Rocard en 1988. Il enchaînera le lendemain par la nomination d’une dizaine de secrétaires d’État.

Les alliés laissent planer le suspense

Un autre enjeu réside sur le fond de la politique économique et sociale que va présenter le gouvernement. Le Premier ministre devrait ainsi dévoiler le pacte de responsabilité, une baisse du coût du travail proposée en début d’année aux entreprises par le chef de l’État. Ce pacte sera complété par un autre, dit de "solidarité", destiné à donner un peu de pouvoir d’achat aux Français, via sans doute une baisse des cotisations sur les bas salaires compensée par une suppression de la prime pour l’emploi (PPE). M. Valls est aussi attendu, notamment par l’opposition, sur le détail des 50 milliards d’euros d’économies promises d’ici à 2017 sur les budgets de l’État (17 mds EUR), de la Sécurité sociale (23 mds) et des collectivités (10 mds). Le nouveau chef du gouvernement devrait en outre évoquer la réforme des rythmes scolaires, qui pourrait connaître des aménagements, la future loi pénale, ou encore l’Europe, à quelques semaines des élections du 25 mai.

L’autre enjeu majeur pour M. Valls consiste à rassembler une majorité qui donne de la voix depuis une semaine, entre le refus des écologistes de participer au gouvernement et la pression exercée par une centaine de députés PS en faveur de nouvelles orientations économiques. L’ancien ministre de l’Intérieur, qui veut balayer l’idée que son prédécesseur était le seul en mesure de rassembler l’ensemble de la majorité, prend ces ruades au sérieux. Dimanche, il a ainsi reçu à Matignon des députés socialistes qui demandent un nouveau "contrat de confiance" avec le gouvernement, et la fin des politiques "d’austérité" en Europe. La rencontre semble avoir porté ses fruits. Ces députés – issus de la gauche du parti, proches de Martine Aubry ou membres du courant de la Gauche populaire – voteront sans doute la confiance.

Vote pour ou abstention, les 17 députés écologistes prendront eux leur décision mardi matin. Ils ont apprécié d’être reçus par le Premier ministre, qui promet de les consulter régulièrement, mais disent vouloir veiller au respect du pacte majoritaire conclu en 2012 avec le PS, qui a connu selon eux quelques entorses. Les 17 radicaux de gauche entretiennent eux aussi le suspense, mais ils devraient in fine accorder la confiance à un gouvernement dont fait partie l’une d’entre eux, Sylvia Pinel (Logement). Les dix députés du Front de gauche hésitent quant à eux entre vote contre et abstention. À droite, sans surprise, l’UMP (199 députés) et l’UDI (29 députés en l’absence de Jean-Louis Borloo) voteront contre. Des exceptions sont toujours possibles: l’UMP Frédéric Lefebvre a ainsi indiqué n’avoir pas encore décidé de son vote.

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