Aquilino Morelle, l’homme fort de la «com’» présidentielle

Ses proches, ses conseillers et ses ministres l’en adjuraient depuis des mois : il fallait, au plus vite, changer quelque chose dans son équipe de communication. François Hollande s’y est enfin résolu. « Le président a décidé une opération de clarification », confirme-t-on à l’Elysée.
Alors que le fond et la forme des interventions présidentielles, la réactivité politique de François Hollande face à l’événement, l’image du chef de l’Etat et la coordination entre l’Elysée, Matignon et les ministres constituent autant de questions récurrentes depuis le début du quinquennat, le principal intéressé a donc consenti à un choc de simplification dans son équipe de com’. Mais il le fait à sa manière : en douceur. Tout en subtilités.

Dans les titres, rien ne change. Personne, au terme de cette réorganisation qui vise bien à mettre fin à l’enchevêtrement de rôles et de fonctions qui brouillait jusqu’ici le message présidentiel, n’est formellement écarté. Du moins, en apparence. « Le président n’est pas homme à se séparer », glisse malicieusement l’un de ses amis. Dans la subtile géopolitique du staff présidentiel, cependant, Aquilino Morelle apparaît incontestablement comme le collaborateur qui monte.

PORTE-PAROLE OFFICIEUX

Le conseiller politique de François Hollande aura désormais seul la haute main sur les relations avec la presse nationale et la communication. Son rôle de porte-parole officieux est renforcé. La coordination générale de l’équipe demeure assurée par le secrétaire général de l’Elysée, Pierre-René Lemas.

Aquilino Morelle accompagnera le président dans ses déplacements, comme c’est le cas en ce début de semaine à Washington et San Francisco. « Le rythme de l’agenda politique est tel que le président a besoin d’avoir auprès de lui un collaborateur politique avec lequel il puisse échanger à l’étranger à tout moment », explique le conseiller politique. Aquilino Morelle devra également « organiser » une communication coordonnée sur la ligne présidentielle et la riposte à l’opposition, avec Matignon, la majorité parlementaire et le PS.

MISSION CIRCONSCRITE POUR SÉRILLON

Christian Gravel, jusqu’ici chargé des rapports avec les médias nationaux, secondera le conseiller politique dans sa tâche, dans le rôle d’adjoint. Claudine Ripert, qui officiait en tandem avec Christian Gravel, en se concentrant pour sa part sur les sujets internationaux, conserve ce dossier, mais sous l’autorité du conseiller diplomatique Paul Jean-Ortiz.

L’ancien journaliste Claude Sérillon avait rejoint l’équipe il y a un an pour assurer théoriquement la coordination de la communication entre l’Elysée, Matignon et les ministères ainsi que pour parfaire l’image du président, mais son rôle exact était resté assez flou pour beaucoup en interne. Sa mission sera désormais plus circonscrite : l’ancien présentateur du « 20 heures » va désormais s’occuper de la stratégie Internet de l’Elysée, même s’il devrait continuer à travailler sur « la partie audiovisuelle des grands événements », explique-t-on.

L’ENTOURAGE DE VALÉRIE TRIERWEILER

La gestion technique de l’ensemble de l’image présidentielle est confiée à Stéphane Ruet, jusqu’ici chef du service photo, par ailleurs proche de Valérie Trierweiler.

Le cas de Patrice Biancone, conseiller presse de l’ancienne compagne du chef de l’Etat, et à ce titre contractuel, n’est pas réglé. La question n’est pas tranchée. « Il faut savoir s’il veut rester au sein du cabinet ou faire autre chose », indique un habitué de l’Elysée.

Les trois fonctionnaires qui officiaient comme secrétaires de Valérie Trierweiler vont être réaffectés dans d’autres services de la présidence. « Ce cabinet n’existe plus », souligne un proche du président.

D’autres questions demeurent cependant, concernant la communication au sens large, au sein du cabinet de François Hollande. S’agissant du service de presse, d’abord. Désormais chapeauté par Fabrice Hermel, qui en était le numéro deux jusqu’au départ, le 1er février, de Marylène Courivaud, nommée secrétaire générale de la Fondation de la RATP, celui-ci souffre d’un manque d’effectif chronique : six personnes seulement y travaillent.

« Quand on voit ce dont disposent les ministères pour leur com’et leurs relations presse, les moyens qu’a l’Elysée sont ridicules, alors que c’est le coeur du pouvoir », analyse un communicant du gouvernement.

RECRUTER UNE NOUVELLE « PLUME »

La fonction de porte-parole n’est pas non plus totalement clarifiée. Si Aquilino Morelle est amené à plus fréquemment endosser ce rôle « on the record », il n’est pas pour autant officiellement investi de cette mission, comme avait pu l’être par exemple David Martinon au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Par ailleurs, la question reste posée pour la partie diplomatique de la communication élyséenne : depuis le départ de Romain Nadal, devenu à l’automne 2013 porte-parole du Quai d’Orsay, personne n’occupe plus cette fonction, pourtant essentielle.

Troisième enjeu : la nécessité, pour François Hollande, de recruter une nouvelle « plume ». Paul Bernard, qui remplissait cette fonction depuis 2012 et avait fait savoir, depuis l’été 2013, qu’il souhaitait quitter le cabinet pour des raisons personnelles, a fini par obtenir son congé le 1er février, pour rejoindre le Conseil d’Etat. Son départ laisse un vide à l’Elysée, où il était très apprécié. « Le président a des CV sur son bureau », explique un proche. Un successeur devrait être nommé dans les prochaines semaines.

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