Ambassade américaine à Jérusalem: les Palestiniens mettent Trump en garde

Le président palestinien Mahmoud Abbas a prévenu vendredi que le projet du président élu Donald Trump de transférer à Jérusalem l’ambassade des Etats-Unis en Israël pourrait conduire les Palestiniens à « revenir sur la reconnaissance » de l’Etat hébreu.

Lors de la grande prière hebdomadaire sur l’esplanade des Mosquées, le grand mufti de Jérusalem a lui averti M. Trump qu’un éventuel transfert de l’ambassade américaine dans la Ville sainte constituerait une "agression" contre tous les musulmans.

Si Donald Trump, qui prendra ses fonctions dans une semaine, reconnaissait Jérusalem comme la capitale d’Israël et déplaçait l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, comme il a promis de le faire pendant sa campagne électorale, il romprait avec la politique historique des Etats-Unis, qui est aussi celle de la très grande majorité de la communauté internationale.

Le statut de Jérusalem est en effet l’une des questions les plus épineuses d’un règlement du conflit israélo-palestinien.

Israël considère tout Jérusalem comme sa capitale indivisible, y compris Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem occupée par Israël depuis 1967 et annexée depuis 1980, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

La question de Jérusalem, où se trouvent d’importants lieux saints pour les chrétiens, les juifs et les musulmans, touche en outre à des sensibilités religieuses extrêmement vives.

Dans une interview au quotidien français Le Figaro, le président de l’Autorité palestinienne indique avoir écrit "au président Trump" pour lui demander de ne pas transférer l’ambassade à Jérusalem.

"Non seulement ce geste priverait les États-Unis de toute légitimité à jouer un rôle dans la résolution du conflit, mais elle réduirait à néant la solution des deux États", a déclaré M. Abbas.

Si le projet se concrétise, "plusieurs options s’offriraient alors" aux Palestiniens, a prévenu M. Abbas. "Revenir sur notre reconnaissance de l’État d’Israël est l’une d’elles. Mais nous espérons ne pas avoir à en arriver là (…)".

Fait exceptionnel, la direction palestinienne a ouvertement demandé l’intervention de la Russie pour contrer le possible déménagement de l’ambassade.

Pour le grand mufti de Jérusalem, Muhammad Ahmad Hussein, ce projet "n’est pas seulement une agression contre les Palestiniens, mais aussi contre tous les Arabes et tous les musulmans". "Ils ne se laisseront pas faire en silence", a-t-il prévenu dans son prêche prononcé devant 30.000 fidèles selon la fondation religieuse qui administre l’esplanade des Mosquées.

De nombreuses voix se sont déjà élevées contre l’effet que pourrait avoir un transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, le secrétaire d’Etat américain sortant John Kerry parlant du risque d’une "explosion absolue dans la région".

M. Trump a nommé comme futur ambassadeur en Israël David Friedman qui, aussitôt désigné, a dit avoir hâte de remplir sa mission "dans la capitale éternelle d’Israël, Jérusalem".

Alors que Paris accueille dimanche une conférence internationale pour tenter de relancer l’effort de paix moribond entre Israéliens et Palestiniens, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a averti la future administration américaine qu’un projet comme la relocalisation de son ambassade dans la Ville sainte risquait de saper les efforts de paix.

(Avec AFP)

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