Ali Benflis : « Le système algérien atteint ses limites, s’essaie à une sorte d’exorcisme par les complots extérieurs »

Le système algérien a atteint ses limites et s’essaie à une sorte d’exorcisme par les complots extérieurs, a affirmé l’ancien Premier ministre algérien, Ali Benflis.

"Le système a atteint ses limites. Il est à bout de souffle, à court d’idées", a relevé M. Benflis dans un entretien publié par l’hebdomadaire international "Jeune Afrique" dans son numéro à paraître dimanche, faisant observer qu’il "s’essaie, comme tous les régimes autoritaires, à une sorte d’exorcisme par les complots extérieurs".

Il a aussi indiqué que l’Algérie est confrontée à une crise économique d’une exceptionnelle gravité qui l’expose à une dangereuse exacerbation des tensions sociales, notant que jamais, depuis son indépendance, le pays n’avait été à ce point assailli par des crises concomitantes politique, économique et sociale.

"Un Etat dont le sort inquiète ses administrés comme ses partenaires n’est pas un Etat qui fonctionne normalement", a-t-il estimé, déplorant l’impasse politique totale et les risques réels qu’elle fait courir à la pérennité de l’Etat national.

Il a aussi indiqué que l’Etat n’est plus géré comme il se doit et que l’économie est toujours livrée à la prédation des plus forts et des mieux lotis du moment dans une société déboussolée, dévitalisée et prise en étau entre le désespoir et l’angoisse du lendemain.

"Voilà ce qui menace notre pays, et non des complots extérieurs et des mains étrangères que l’on brandit à tout va pour tenter de justifier la faillite d’une gouvernance", a noté M. Benflis.

Il a sur un autre registre relevé que la loi de finances 2017 est une loi de matraquage fiscal, expliquant que plus d’une vingtaine de taxes ont été modifiées ou créées de même que l’Etat s’exonère de tout effort puisque le budget de fonctionnement n’a pratiquement pas bougé, alors que celui de l’équipement a subi une véritable saignée.

Strictement comptable, cette loi de finances fait fi de tous les dysfonctionnements structurels de l’économie, a-t-il dit, estimant que cette dernière n’avait qu’un problème de financement, alors que les abondantes ressources financières de la dernière décennie auraient dû suffire pour en faire une économie dynamique et prospère.

Selon lui, c’est essentiellement dans des archaïsmes structurels que résident les véritables handicaps de l’économie algérienne. S’attaquer à ces archaïsmes suppose une légitimité et une volonté politique que le pouvoir n’a pas, a encore dit M ; Benflis.

"L’Etat patrimonial, clientéliste et rentier ne pourra jamais être l’auteur des profondes réformes structurelles dont notre économie à besoin", a-t-il fait valoir, expliquant que la source première de la crise dans le pays est politique.

"L’économique, le financier et le budgétaire n’en sont que les manifestations, non la cause", a relevé M. Benflis, déplorant la défaillance politique dans ce pays.

D’autre part, M. Benflis a indiqué que la crise énergétique mondiale va bientôt boucler sa troisième année et, de tous les pays de l’Opep, l’Algérie reste le seul pays à ne pas disposer d’une véritable stratégie de riposte, soulignant qu’il s’agit d’une faute politique majeure qui aurait été considérée impardonnable dans n’importe quel autre Etat digne de ce nom.

Par ailleurs, Benflis prévoit qu’après l’épuisement des ressources du Fonds de régulation des recettes et l’échec patent de l’opération de mise en conformité fiscale et de l’emprunt obligataire, la perspective d’un retour à l’endettement sur les marchés financiers est inévitable.

L’Algérie est appelée à effectuer son retour sur les marchés financiers dans les pires conditions, a-t-il dit, expliquant qu’il est de notoriété publique qu’elle est considérée comme un pays à risque et qu’en conséquence, les emprunts se feront au prix fort.

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