Algérie: violence inédite à Ghardaia, au moins 18 morts

Dix-neuf personnes blessées mardi dans des affrontements communautaires dans la région de Ghardaïa sont décédées, portant le nombre des morts à 22 en deux jours dans ce secteur du Sud algérien théâtre depuis fin 2013 de violents heurts entre arabes et amazighs.

Dans la nuit de mardi à mercredi, 15 nouvelles victimes ont été enregistrées dans les heurts entre groupes de jeunes de la vallée du M’zab, rapporte l’agence APS, citant des sources locales et hospitalières.

En dépit d’un impressionnant dispositif sécuritaire avec le déploiement de milliers de policiers et de gendarmes, les incendies et les actes de vandalisme se sont poursuivis de plus belle contre des habitations, des locaux commerciaux, des véhicules particuliers et des édifices publics.

La reprise de ces heurts intervient quelques jours après la mise en place d’une commission interministérielle chargée de l’examen des voies et moyens pour consolider la maitrise de la situation dans la région de Ghardaïa.

La presse algérienne paraissant ce mercredi s’est alarmée de la tournure dangereuse prise par ces affrontements, pointant du doigt la défaillance de l’Etat à régler cette crise qui perdure.

 »Liberté » dénonce le choix des interlocuteurs sur place, souvent non représentatifs, voire décriés par ceux qu’ils sont censés représenter, tandis que le quotidien  »El Watan » fait état d’incitation à l’exode de part et d’autre, d’un retour au communautarisme et à l’enclavement et de saccages en règle.

Aux yeux du  »Quotidien d’Oran », la raison de cet échec est à chercher du côté de la volonté du gouvernement qui se contente d’intervenir par procuration et de l’incapacité chronique de l’Etat à solutionner un conflit localisé, dont les acteurs et victimes sont connus, malgré tout l’arsenal juridico-sécuritaire mis en place.

La situation sécuritaire dans la région s’est nettement dégradée depuis la visite, vendredi dernier, du nouveau ministre de l’intérieur qui n’a pas manqué d’accuser, comme à l’accoutumée, "des parties tendancieuses" de vouloir semer la division parmi les populations de cette wilaya.

En dépit de nombreuses initiatives entreprises par le gouvernement, la région Ghardaïa s’est transformée en un foyer de tension permanent, mettant en péril la stabilité de tout le pays sur fond d’accusations aux forces de l’ordre de comportements discriminatoires envers les Amazighs.

C’est justement de la ville de Ghardaïa qu’est parti, à l’automne 2014, le mouvement de contestation inédit des policiers, avant de faire tache d’huile dans plusieurs autres régions du pays.

Des manifestations de soutien à la ville de Ghardaïa, assiégée un certain temps, ont été organisées dans les villes voisines, dans la capitale d’Alger et même en Europe et au Canada.

Les heurts ethniques entre Mouzabites amazighophones, de rite ibadite, et les Chaâmbas, des arabes malékites, ont fait des dizaines de victimes depuis décembre 2013, outre l’incendie et la destruction des centaines de maisons et de magasins.

Les appels incessants au calme lancés par différents acteurs et les déplacements in situ des plus hauts responsables de l’Etat ne sont pas parvenus jusque-là à normaliser la situation, puisqu’après chaque période d’accalmie, généralement de courte durée, les affrontements reprennent de plus belle, installant un sentiment de panique et d’insécurité parmi les habitants de la capitale de la vallée du M’zab.

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