Algérie: une statue d’Ibn Badis, grande figure de l’islam, déboulonnée

Une statue de l’imam Abdelhamid Ben Badis, grande figure de l’islam en Algérie et référence spirituelle pour l’Etat, a été déboulonnée mardi par les autorités à Constantine, dans l’est du pays, une semaine après son installation. Aucune raison officielle n’a été donnée à cette mesure.

Le wali (préfet) de Constantine "a reçu ordre de la présidence de la République de déboulonner la statue", a déclaré mardi à l’AFP une source proche du commissariat chargé d’organiser la manifestation "Constantine, capitale de la culture arabe", dans le cadre de laquelle la statue avait été érigée.

L’imam réformiste Ben Badis (1889/1940) est le fondateur de l’association des oulémas algériens. L’anniversaire de son décès le 16 avril est célébré chaque année comme la "Journée du savoir".

Cet anniversaire a coïncidé cette année avec l’inauguration de "Constantine, capitale de la culture arabe", une manifestation lancée en grande pompe par le Premier ministre Abdelmalek Sellal.

Selon la presse, la famille de Ben Badis s’est montrée critique sur la qualité esthétique de l’oeuvre. Et l’association des oulémas qu’il avait fondée a rappelé que l’imam se serait lui-même opposé à l’érection d’une statue à son effigie du fait qu’il pourfendait le culte de la personnalité.

Fouzia Ben Badis, nièce de la figure emblématique du mouvement réformiste, avait déclaré à El Watan avoir saisi les autorités à propos de la statue installée sur la place des Martyrs, en plein centre-ville de Constantine, tout en dénonçant sa non-conformité avec le personnage. «J’ai parlé personnellement avec les autorités de Constantine et nous avons fait part de nos sentiments. En premier lieu, le visage du Cheikh ne ressemble pas à celui de la statue.

Il n’y a aucune ressemblance physique, mais ce qui est pire encore, c’est le sentiment de pitié que dégage cette statue», avait-elle poursuivi. Et d’ajouter que le Cheikh, décédé à l’âge de 51 ans, paraît beaucoup plus âgé et surtout «épuisé».

Selon elle, le sentiment inspiré par cette statue est celui de compassion. «Il est connu que le Cheikh forçait le respect ; il était toujours alerte et est resté dynamique jusqu’à son dernier souffle», a-t-elle insisté.

Fouzia Ben Badis avait également insisté sur le fait que Cheikh Abdelhamid Ben Badis était un «homme très modeste» et n’a jamais pensé qu’un jour on lui rendrait hommage en réalisant une statue de lui. «Mais puisqu’on a décidé d’en faire ainsi, nous voulons qu’elle soit conforme, c’est tout», avait-elle dit.

Depuis son installation, la statue de Ben Badis alimente la polémique à Constantine, notamment parmi les intellectuels et les artistes, qui ont dénoncé la façon dont l’œuvre a été conçue, commandée et importée du Portugal «dans le secret le plus total».

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite