Algérie: remaniement ministériel sur fond de crise économique et de gouvernance

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a effectué, jeudi, un remaniement ministériel partiel dans le gouvernement Abdelamelk Sellal, sur fond de crise économique et de gouvernance dans plusieurs secteurs, a-t-on annoncé de source officielle.

Le gouvernement algérien est secoué, depuis un certain temps, par des scandales politico-médiatiques mettant en cause plusieurs de ses ministres, pointés du doigt soit pour la mauvaise gestion dans leurs départements ou leur implication dans des affaires de corruption.

Accusée par le Parti des Travailleurs de "malversations" et de "conflits d’intérêt", la ministre de la Culture Nadia Labidi a fait les frais de ce changement, une semaine après avoir porté plainte contre la secrétaire générale de cette formation pour "diffamation".

Une autre femme, Zohra Derdouri, a quitté le gouvernement. A la tête du ministère de la Poste et des Technologies, elle a été éclaboussée, durant son mandat, par des affaires de corruption dans la poste, de même qu’elle n’a pas pu relever le défi qu’elle s’est fixée de rattraper le grand retard dans le domaine des technologies de l’information et de la communication.

Le ministre des Sports Mohamed Tahmi fait partie des victimes de ce remaniement, suite à l’échec de l’Algérie de décrocher l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de football en 2017 au profit du Gabon. Un revers mal digéré dans le pays, qui était présenté comme le grandissime favori à l’organisation au regard de sa "place de choix" dans le continent.

A l’origine de la protestation sans précédent dans le sud du pays contre l’exploitation du gaz de schiste, le ministre de l’Energie Youcef Yousfi, entré en bras de fer avec les manifestants, a été renvoyé du gouvernement, qui a réussi tant bien que le mal à désamorcer la bombe de ce mouvement citoyen, dans une région hautement sensible.

Désigné au ministère des Finances pour stopper la gabegie des fonds publics, Mohammed Djellab, débarqué dans ce remaniement, n’est pas parvenu à stopper la dévaluation continue du dinar, l’amenuisement des recettes, la frénésie de l’importation et la fuite de capitaux, malgré les mises en garde de la banque centrale sur la situation financière critique du pays.

Les ministères régaliens sont restés sans changement, à l’exception du ministère de l’Intérieur où le titulaire du poste, Tayeb Belaiz, a cédé sa place au ministre de la Formation professionnelle Abderrazak Badoui, pour aller occuper la fonction de conseiller spécial auprès du président de la République.

Une source officielle a confié, sous couvert d’anonymat à des médias locaux, que le remaniement vise "le renforcement de la présence des jeunes" dans l’exécutif et à "donner une chance aux compétences dans les secteurs techniques".

Depuis plusieurs semaines, les observateurs s’attendaient à l’arrivée d’une nouvelle équipe gouvernementale dominée par "le profil technocrate", notamment à la tête des secteurs dans lesquels les effets de la crise économique se feront le plus ressentir.

L’Algérie fait face à la chute brutale des prix du pétrole, qui se trouve accentuée par des perspectives imprévisibles à court terme sur le marché mondial. D’après le FMI, le pays a besoin d’un baril de plus de 110 dollars pour maintenir ses équilibres budgétaires et préserver sa position financière extérieure, sérieusement fragilisée par la diminution des recettes.

Le gouvernement Sellal III était en fonction depuis le 5 mai 2014, au lendemain de l’élection présidentielle du 17 avril de la même année qui a vu Abdelaziz Bouteflika décrocher un quatrième mandat de cinq ans, à l’âge de 77 ans.

M. Sellal est à son quatrième cabinet en l’espace de deux ans et demi seulement, après sa première nomination en septembre 2012 et sa reconduction une année plus tard.

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