Algérie: les migrants interdits dans les transports publics, la LADDH dénonce une mesure « raciste »

Le président de la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH), Me Saleh Dabouz, a dénoncé le caractère "raciste" d’une instruction ministérielle interdisant les migrants clandestins dans les transports publics.

"Le directeur de transport terrestre de Mostaganem a publié une instruction à caractère raciste pour interdire aux personnes qu’il considère comme étant des +migrants irréguliers+ d’emprunter les transports publics (et privés) en se basant sur une instruction ministérielle", datée du 24 septembre, écrit l’avocat sur sa page Facebook.

"Est-ce que le gouvernement algérien est devenu raciste ? Est-ce qu’il combat le fait de se réfugier pour des raisons sécuritaires, économiques ou politiques de façon raciste et en dehors du droit international ?", se demande-t-il.

Le président de la LADDH assure avoir été approché par le représentant de la communauté nigérienne, qui relève que des transporteurs clandestins profitent de cette situation pour demander trois à dix fois le prix d’une course.

Pour le quotidien "Algérie Focus", les propos "racistes et discriminatoires" de l’ex-chef de cabinet à la présidence de la République et actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, envers les migrants clandestins en provenance d’Afrique noire semblent avoir trouvé écho à l’intérieur même des institutions de l’Etat.

Après avoir exécuté des expulsions de masse, le gouvernement compte mener la vie dure à ce qui subsiste des migrants en leur interdisant l’accès aux moyens de transport, déplore la publication.

Pour ce faire, le ministère algérien des Travaux publics et des Transports a transmis une directive à ses directions de transport dans les 48 wilayas ayant pour objet de contrecarrer la dispersion de ces migrants en léguant aux chauffeurs de bus et de taxis des pouvoirs de police.

"Dans le cadre de l’opération de lutte contre l’immigration clandestine et en application à la directive ministérielle citée en référence, il est formellement interdit aux opérateurs des transports terrestres urbains, interurbains, inter-wilayas ainsi que les chauffeurs de taxi, de transporter à bord de leurs véhicules des migrants clandestins subsahariens. Les contrevenants à cette présente directive seront sanctionnés par un retrait définitif de leur permis de conduire", pouvait-on lire sur ladite note.

Le document en question fait controverse d’autant plus que les pouvoirs attribués aux chauffeurs de transports relèvent des prérogatives de la police et de la gendarmerie nationale.

Au-delà de son "caractère inapplicable et carrément illégal", cette directive risque d’ouvrir la voie à toutes les dérives raciales et discriminatoires possibles et imaginables, met en garde le quotidien, qui relève que les textes régissant l’activité ne prévoient nullement de telles mesures.

(Avec MAP)

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