Algérie: la présidence dévoile le projet de révision de la Constitution

La présidence de la République algérienne a rendu public, vendredi, le projet de révision de la Constitution, l’une des promesses électorales du chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika lors de sa campagne du scrutin du 17 avril dernier.

Dans ce document mis en ligne, la présidence précise qu’il s’agit de "propositions d’amendements pour la révision constitutionnelle", qui seront présentées à quelque 150 acteurs, dont des partis, des syndicats, des composantes de la société civile ainsi que des personnalités nationales et académiques.

Chargé de conduire les consultations devant aboutir à cette révision, promise depuis 2011 par le chef de l’Etat, Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet à la présidence, a souligné que les consultations avec les parties concernées, prévues en juin prochain, n’auront "aucune limite préalable" hormis celles relatives "aux constantes nationales et aux valeurs et principes fondateurs" de la société algérienne.

Outre la limitation des mandats présidentiels à deux quinquennats, ce qui était en vigueur avant la Constitution de 2008, le projet de révision, qui tend à consacrer "l’alternance démocratique", est destiné à renforcer la séparation des pouvoirs, à conforter l’indépendance de la justice, à dynamiser le rôle du Parlement et à donner plus de droits à l’opposition.

Toutefois, le chef de l’Etat conservera d’importantes prérogatives. Selon le texte, le président de la République  »est le Chef suprême de toutes les Forces Armées de la République", "responsable de la Défense Nationale" et "arrête et conduit la politique extérieure de la Nation ».

Au volet de promotion des droits de l’Homme, le texte retient "la concrétisation de la parité hommes-femmes en tant qu’objectif final", "la garantie de la liberté d’exercice du culte dans le cadre de la loi", l’exercice de "la liberté de la presse dans le respect des droits et libertés d’autrui et l’interdiction de toute censure préalable".

Face aux critiques de la société civile locale et des ONGs internationales sur les restrictions à la création des associations et aux rassemblements, en particulier dans la capitale Alger où ils sont strictement interdits, le projet accorde une attention à cette question, en insistant sur les "libertés d’expression, d’association, de réunion, de rassemblement et de manifestation pacifiques".

Contrairement à des rumeurs insistants depuis un certain temps, les amendements proposés à la Loi fondamentale algérienne ne font aucune allusion à la création du poste de vice-président, ni à la constitutionnalisation de la langue amazigh, une revendication d’une importante frange sociale depuis de longues années.

Parallèlement, plusieurs formations et personnalités politiques, réunis dans le cadre de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), sont à pied d’œuvre pour la tenue, le 7 juin prochain, d’une "conférence nationale" consacrée à l’élaboration d’une vision commune de la réforme du système politique dans le pays.

Tout en laissant entendre ne pas être concerné par les consultations menées par Ahmed Ouyahia, le Front des Forces Socialistes(FFS), parti d’opposition historique, a estimé, samedi dernier, que la priorité doit être accordée à la reconstruction du consensus national avant la mise en place d’une "Constitution consensuelle".

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