Algérie : la France hors-jeu des grands contrats d’armements

C’est un fiasco commercial pour les grands groupes français de l’armement en Algérie. En dépit des efforts politiques de Paris, Alger oublie régulièrement les propositions françaises en vue d’équiper les forces armées algériennes.


La France est-elle blacklistée par Alger ?

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C’est un peu la déprime chez les grands commerçants d’armements français en Algérie. En dépit du voyage de François Hollande en décembre, puis la guerre menée au Mali par Paris contre les djihadistes et la bonne coopération entre les services de renseignements, l’espoir était quelque peu revenu dans les grands groupes français, qui font régulièrement chou blanc depuis des années en Algérie. Rien n’y fait. Si ce ne sont pas les Russes, qui vendent de façon régulière leurs armements comme des petits pains, ce sont les Allemands, les Britanniques, les Italiens, voire les Chinois, qui rafflent la plupart des contrats en compétition en raison des choix de la présidence algérienne… Bref, jamais les Français, bel et bien tricards à Alger. "Tous sauf la France", résume-t-on dans les milieux de l’armement français lassés par les choix d’Alger et du clan du président Bouteflika, qui décide de ces contrats.

Deux grands contrats sont actuellement en négociations à Alger. Et la France semble déjà hors jeu. L’Algérie négocie, selon plusieurs sources concordantes, avec l’Italie l’acquisition de quatre frégates multimissions italiennes Fremm, dont deux en option, fabriquées par le chantier naval Fincantieri en dépit des propositions françaises. Le contrat devrait être signé assez rapidement, estiment ces mêmes sources. Le ministre de la Défense italien, l’amiral Giampaolo Di Paola, était allé négocier à Alger cette acquisition en septembre dernier. Pour l’Italie, l’Algérie est le premier client pour son industrie de l’armement (9,08 % du total). Le ministère de la défense algérien a commandé pour 477,5 millions d’euros de matériels de guerre italiens en 2011. La marine algérienne a récemment acheté pour 450 millions d’euros deux LPD (Landing Platform Dock) un porte-hélicoptères de la classe San Giorgio. De son côté, DCNS, qui proposait des Fremm à Alger, poursuit avec succès la préparation de la frégate vendue à la Marine Royale du Maroc. La Fremm a effectué mercredi en présence du client Marocain sa première sortie à la mer, coup d’envoi des essais en mer qui se dérouleront au cours des prochaines semaines au large des côtes bretonnes. La livraison interviendra à la fin de l’année.

Le Rafale shooté par Alger ?

En outre, les Algériens, qui souhaitent remplacer 34 Mig-29 dont ils ne sont pas satisfaits, seraient en négociations pour acheter du Gripen NG. Une rumeur tenace qui court depuis une dizaine de mois. Ce qui voudrait dire que le Rafale serait hors jeu. Le constructeur du Gripen, Saab est déjà référencé en Algérie. L’avionneur suédois a récemment vendu des missiles anti-navires suédois RBS 15 mark III (Saab Bofors Dynamics) destinés à équiper les deux frégates allemandes Meko vendues à Alger.
Une telle négociation confirmerait que la France serait hors-jeu des grands contrats d’armements algériens. L’armée de terre est équipé de chars BMP-3 et T90 russes, de camions Man et de véhicules blindés Fuchs allemands. La défense aérienne est assurée par les Russes avec des missiles Pantsir S-1 (courte portée) et S-300 PMU-2 (longue portée). L’armée de l’air est exclusivement composée d’avions de combat russes : 34 MiG 29, 44 Su-30 MKA, 16 (52 à terme) YAK-130. Enfin, la marine algérienne collectionne différents fournisseurs : 2 LPD italiens, 3 corvettes lourdes chinoises, 2 corvettes allemandes Meko A200, 3 remorqueurs britanniques, deux sous-marins 636 russes. Elle pourrait acheter, outre les quatre Fremm italiennes en négociations, deux autres Meko A200.

La France est-elle blacklistée ?

Pourquoi la France est-elle blacklistée en Algérie ? Outre l’histoire douloureuse entre les deux pays, qui n’a pas été encore évacuée, l’Algérie reprocherait également à la France son manque d’empressement au début des années 90 à sa demande d’aide pour lutter contre la guérilla islamiste. Alger avait demandé toute une série de matériels militaires que la France lui aurait refusé. "Il y a un ressenti durable coté algérien", explique-t-on à La Tribune. En revanche, certains pays comme l’Afrique du Sud a fourni une aide à l’Algérie pendant cette période noire. C’est pour cela que Alger a commandé pour ses futures frégates Meko des missiles sud-africains de défense anti-aérienne Umkhonto (« fer de lance de la nation ») et air-sol Mokopa (Denel). Enfin, le clan d’Abdelaziz Bouteflika à un an de l’élection présidentielle, en avril 2014, pourrait accélérer les négociations actuelles avant l’élection pour sécuriser ces contrats souvent très juteux.
Pour l’heure, seul le petit chantier naval vendéen Ocea, qui cartonne à l’exportation, a été le seul groupe français à briller en Algérie. En 2007, Ocea a vendu 21 patrouilleurs aux gardes-côtes algériens. Les livraisons se sont terminées en 2012.

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