Algérie: l’ancien président Zeroual appelle à « l’alternance au pouvoir »

L’ancien président algérien Liamine Zeroual s’est adressé aux Algériens, à moins d’un mois de la présidentielle du 17 avril lors de laquelle son successeur brigue un quatrième mandat, appelant à l’alternance au pouvoir, dans une lettre publiée jeudi dans la presse.

M. Zeroual, 72 ans, qui a démissionné et s’est retiré de la politique mais reste très populaire en Algérie, dit s’exprimer par "obligation morale".

"La révision de la Constitution algérienne en 2008, notamment l’amendement de son article 74, relatif à la limitation des mandats présidentiels à deux, a profondément altéré le saut qualitatif qu’exigeait l’alternance au pouvoir", écrit cet ancien président, critiquant ainsi ouvertement le président sortant Abdelaziz Bouteflika.

M. Bouteflika, 77 ans, au pouvoir depuis 15 ans, est candidat à sa propre succession après avoir a été élu à trois reprises, en 1999, 2004, puis en 2009 suite à la modification de la Constitution.

"Il est éminemment important de rappeler que l’alternance au pouvoir a pour vocation de consolider la solidarité intergénérationnelle, de conforter la cohésion nationale", de "fortifier la démocratie et de crédibiliser les institutions de la République", a souligné M. Zeroual.

Général au caractère affirmé et austère, M. Zeroual avait quitté de façon inattendue le pouvoir en avril 1999 après cinq ans à la tête de l’Etat.

"Le prochain mandat présidentiel est le mandat de l’ultime chance à saisir pour engager l’Algérie sur la voie de la transition véritable", écrit-il, appelant les Algériens à voter pour exprimer de manière "pacifique" leur choix.

"L’institution militaire s’est vue exposée à une regrettable diatribe dont la finalité n’est autre que celle de fragiliser de nouveau l’appareil national de défense et de sécurité et d’ouvrir ainsi la porte aux multiples dangers qui guettent l’Algérie", a-t-il dit.

M. Zeroual a tenu à préciser que l’armée "est parfaitement compétente pour faire face à de tels dangers".

Amar Saïdani, secrétaire général du parti présidentiel, le Front de Libération nationale (FLN), s’en était pris en février au tout puissant chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général Mohamed Toufik Mediene.

Depuis, d’anciens haut-responsables militaires et d’ex-ministres se sont relayés dans les journaux pour défendre le DRS face à M. Saïdani, chef du FLN depuis août 2013.

Jeudi, près de 3.000 personnes ont manifesté à Batna (450 km au sud-est d’Alger), ville natale de M. Zeroual, contre un quatrième mandat de M. Bouteflika.

Après une marche dans la ville, les manifestants se sont arrêtés devant le domicile de l’ancien président, scandant "l’armée et le peuple avec Zeroual", avant de se disperser dans le calme, selon des journalistes sur place. M. Zeroual n’a pas reçu de délégation de manifestants comme ces derniers le souhaitaient.

La sortie médiatique de M. Zeroual intervient après une série de manifestations contre un quatrième mandat et d’appels de personnalités et d’universitaires à un changement de régime.

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