Algérie: deux journaux, privés de publicité, parlent « d’étouffement » des voix anti-quatrième mandat

Les quotidiens « Algérie News » et « Djazaïr News », privés de publicité publique, se disent victimes « d’étouffement financier » visant les publications « qui ne partageant pas le discours du quatrième mandat », allusion à la candidature du président Abdelaziz Bouteflika au scrutin du 17 avril.

Les deux quotidiens expliquent, dans un communiqué rendu public mardi, que l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep), organisme étatique monopolisant cette manne, "a reçu des directives d’interdire la publicité étatique aux deux organes de presse qui semblent déranger les partisans du chaos".

Il s’agit d’"une décision politique d’une extrême gravité", déplorent les deux publications, notant que "ce procédé digne des pratiques staliniennes vise l’étouffement financier des deux quotidiens et renseigne, on ne peut mieux, sur les restrictions à la liberté de l’expression et sur les visées inavouées de museler la presse indépendante".

"En réalité, le pouvoir en place veut un scrutin censitaire pour s’offrir un quatrième mandat sur un plateau d’argent en l’absence de témoins gênants qui pourraient démasquer ses manœuvres machiavéliques", poursuit-on de même source, appelant les forces démocratiques "à se mobiliser contre la fermeture des derniers espaces de liberté chèrement acquis après des années de lutte".

Pour le Syndicat national des journalistes algérien (SNJ), il s’agit-là "d’une décision politique, un vrai chantage à la publicité que le pouvoir a toujours utilisé comme arme à l’encontre de toute publication à la ligne éditoriale hostile ou même dérangeante".

Le SNJ, qui dénonce cette mesure, appelle "à la levée immédiate de cette mesure injuste, arbitraire, excessive, et qui, à terme, menace la survie même des deux quotidiens et, partant, des dizaines de postes d’emploi".

L’organisation Amnesty International vient de critique la situation de la liberté d’expression en Algérie, en soulignant notamment que les restrictions "croissantes", à l’occasion des présidentielles, "font apparaître des failles choquantes dans le bilan global des droits humains dans le pays".

"La stratégie des autorités algériennes a été d’étouffer dans l’œuf toute tentative visant à les défier ou à remettre leur bilan en question", a déclaré Nicola Duckworth, directrice générale chargée des recherches à Amnesty.

A l’approche de cette échéance, elles intensifient actuellement la répression et montrent qu’elles ne tolèreront aucune critique publique, à quelque niveau que ce soit", a souligné la même responsable, citée dans une synthèse sur l’Algérie publiée lundi à Londres.

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