Algérie: Said Bouteflika accusé de corruption, de trafic de drogue et de « perversion sexuelle »

À deux mois de la présidentielle algérienne, anti et pro-Bouteflika s’affrontent de plus en plus violemment. Dans une lettre, un ex-agent du renseignement (DRS) accuse le frère du chef de l’État de « perversion sexuelle », trafic de drogue et corruption. Said Boutelika réplique à la missive de Hicham Aboud.

Dans une lettre adressée à Said Bouteflika pour les besoins d’un ouvrage qu’il entend consacrer à la famille Bouteflika, , Hicham Aboud, ancien propriétaire des quotidiens "Mon Journal" et "Djaridati", interdits de publication, demande au frère du président de lui apporter quelques éclaircissements sur des faits qui lui reprochés. Au premier rang des "informations" que Hicham Abourd aimerait recouper figurent celles portant sur des pratiques sexuelles (homosexualité, sado-masochisme) ainsi qu’une consommation excessive d’alcool et de stupéfiants. "Je vous demande de bien vouloir me fournir quelques explications sur ce sujet et n’estimez-vous pas qu’il y a quelque exagération de la part de certains témoins qui parlent de perversion sexuelle et de sadomasochisme dont vous seriez un fervent adepte ?" interroge, avec une innocence feinte, l’"écrivain-journaliste".

L’auteur de la lettre se fait ensuite l’écho de faits de corruption dont Saïd Bouteflika se serait rendu coupable. À en croire les personnes que Hicham Aboud dit avoir interrogées, le conseiller officieux du président serait impliqué dans tout ce que l’Algérie compte de scandales politico-financiers : l’affaire Sonatrach, celle de l’autoroute Est-Ouest, "et bien d’autres"…

Hicham Aboud accuse Saïd Bouteflika et son frère, le président Bouteflika, de disposer de 9 milliards de francs suisses (7,3 milliards d’euros) sur un compte helvète. "Une fortune qui proviendrait de la vente du pétrole algérien sur le marché noir international et du trafic de stupéfiants dont vous [Saïd Bouteflika] seriez l’un des plus gros bonnets", écrit Hicham Aboud. Puis de conclure, menaçant : "Sans réponse de votre part, je considère que toutes les informations recueillies et tous les témoignages sont exacts et ne souffrent aucune équivoque."

Saïd Bouteflika est sorti de son silence pour répondre à la missive que Hicham Aboud, cet ancien agent des services de renseignements (DRS), devenu patron de presse, lui a adressée.

"Les accusations portées dans cette lettre sont tellement graves qu’elles ne touchent plus uniquement à ma personne, mais portent atteinte à tout un peuple qui n’accepterait pas que le frère du président puisse avoir de tels comportements", déclare Saïd Bouteflika sur le site d’information algérien Tout sur l’Algérie (TSA) qui a publié, avec son feu vert la lettre de Hicham Aboud. Et d’ajouter : "Je ne vais pas me taire et je vais porter plainte contre Hicham Aboud que j’ai jamais eu à connaître (sic)."

Bien qu’Abdelaziz Bouteflika n’ait encore fait part de son intention de briguer un nouveau mandat à la tête de l’Algérie, la campagne pour la présidentielle d’avril promet d’être sanglante.

La semaine dernière, le secrétaire général controversé du FLN, Amar Saïdani, s’en est pris ouvertement au général Mohamed «Toufik» Mediene, 73 ans, patron des fameux «services» qui tirent en coulisses, depuis des décennies, les ficelles de la vie politique et économique du pays. Une première en Algérie. Certains y voyant un coup «tellement énorme» qu’ils parlent d’écran de fumée.

La bagarre des généraux. Ecran de fumée ou non, ce chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), «faiseur de rois» que l’on dit hostile, cette fois, à un quatrième mandat de Bouteflika, s’est donc fait incendier publiquement par le patron de l’ex-parti unique FLN, dont «Boutef» est président d’honneur.

Le leader du FLN rappelle les failles dans la protection du président Mohamed Boudiaf assassiné en 1992, l’affaire des moines de Tibihirine, les atrocités et attentats suicides commis à Alger, l’attaque plus récente du site gazier de Ain Amennas, et aussi, une tentative d’assassinat du président Bouteflika à Batna, dont la presse algérienne n’avait pas fait état. «Toufik aurait dû démissionner après ces échecs», assure-t-il, réclamant aussi simplement son départ de la tête de ce département le plus craint des citoyens algériens.

Homme du sérail, Amar Saïdani est l’artisan du clan présidentiel ayant fait plié une trentaine de partis, dont certains ne sont pas ou quasiment pas connus du grand public, en faveur d’une nouveau mandat du président, même malade. Mais son tir contre le général de l’ombre, appelé simplement «Toufik», a trouvé l’écho attendu. A commencer par l’indéboulonnable général lui-même sorti de l’ombre pour la première fois, d’abord par des journaux locaux qui lui sont favorables. Un journal a osé ce titre en une «Quand un homo provoque un homme», pour évoquer les accusations du FLN envers «Toufik». Ce qui fit scandale à Alger. Témoignages en faveur de «Toufik», déclarations intempestives, du même calibre que celles du patron du FLN, contre le clan présidentiel. Et le général de l’ombre menace de porter plainte. Ambiance. La toile a pris le relais. Les deux clans, à chacun sa presse, balancent. Menacent. La campagne officielle ne commence que le 23 mars. Le scrutin aura lieu le 17 avril. Avec ou sans Bouteflika.

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