Algérie: 2 morts à Ghardaïa, des centaines de Mozabites manifestent à Alger

Deux personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées en 24 heures dans des affrontements intercommunautaires d’une rare violence à Ghardaïa, dans le sud algérien, tandis que des centaines de Mozabites berbérophones ont manifesté, samedi à Alger, pour dénoncer « le mutisme » des autorités.

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a annoncé, dans la journée, l’arrestation du présumé auteur de l’un des deux homicides, alors que des dignitaires mozabites appellent à l’intervention de l’armée pour mettre un terme à cette escalade.

Les affrontements meurtriers entre Mozabites et Chaâmbas arabophones ont éclaté après la prière du vendredi dans la commune de Berriane, à 45 km au nord de la ville de Ghardaïa, du chef-lieu de la wilaya éponyme, en proie à une vive tension entre les deux communautés depuis décembre dernier.

Dans cette localité, un jeune homme a été mortellement touché, vendredi soir, par une valse tirée d’un fusil de chasse, alors que quatre de ses camarades ont été grièvement atteints dans le même incident.

Selon l’agence APS, qui parle "d’actes de violence sans précédent", plusieurs communes de la région ont été le théâtre "de destruction, de vandalisme, de pillage suivi d’incendie", alors que plus d’une centaine de blessés ont été enregistrés depuis le renouvellement des heurts lundi dernier.

A Ghardaïa, capitale de la vallée du Mzab, à 600 km au sud d’Alger, un trentenaire a été mortellement poignardée, samedi matin, dans ces heurts qui ont installé un sentiment de panique et d’insécurité parmi les habitants, en dépit du déploiement massif des forces de l’ordre.

Les affrontements meurtriers des dernières 24 heures interviennent au lendemain d’une visite dans la région du Directeur général de la sûreté nationale, Abdelghani Hamel, qui avait annoncé "l’arrestation de la majeure partie des auteurs des meurtres et la traduction devant les tribunaux de dizaines de fauteurs de troubles".

En réaction à cette flambée de violences, la DGSN a souligné, dans un communiqué, que les services de sécurité "ont réussi à mettre la main" sur l’auteur présumé du meurtre de la commune de Berriane, notant que le suspect "a tout de suite été arrêté et sera présenté devant une juridiction compétente" après clôture de l’enquête.

Dans la capitale Alger, des centaines de Mozabites en colère, certains portant des habits traditionnels, se sont rassemblées devant la Maison de la Presse, comme le montrent des vidéos postées sur Youtube, pour crier leur indignation de "l’inertie" face à "la tuerie" en cours dans leur région.

En quête d’une "solution définitive et radicale" à cette situation, le Conseil des dignitaires mozabites ibadites à Ghardaïa a lancé, dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, un appel à l’armée algérienne pour envoyer des forces spéciales dans la région en vue de "couper court à la fitna", ainsi que pour installer des hôpitaux de campagne afin de soigner les blessés "qui ne peuvent pas se rendre dans les hôpitaux publics".

Les appels incessants au calme lancés par différents acteurs et les déplacements in situ des plus hauts responsables de l’Etat ne sont pas parvenus jusque-là à normaliser la situation, puisqu’après chaque période d’accalmie, généralement de courte durée, les affrontements reprennent de plus belle.

La wilaya de Ghardaïa est le théâtre de violences récurrentes entre la communauté mozabite berbérophone, de rite ibadite, et celle des Chaâmbas arabophones malékites.

La nouvelle vague de tensions communautaires a fait, depuis décembre dernier, pas moins de dix morts et un grand nombre de blessés, de même qu’elle a causé la destruction et l’incendie d’un nombre considérable de maisons, de magasins et de véhicules.

En mars dernier, trois personnes, âgées d’une trentaine d’années, ont été tuées par des objets ferreux contondants. Deux ont succombé sur les lieux des échauffourées. La troisième victime a succombé à ses blessures à l’hôpital.

Le ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaiz, avait accusé des parties "à l’intérieur du pays" de chercher à "pousser vers le pourrissement de la situation", estimant que ces violences ne sont pas "une preuve d’échec de l’initiative et des démarches du gouvernement".

La Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) avait mis en garde contre le fait que "la situation risque de balancer vers l’irréparable", assurant que les citoyens de Ghardaïa "pointent un doigt accusateur vers les forces de sécurité qui, par leur comportement, ont enflammé la situation".

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