Abdelfatah al Sissi craint le 5e anniversaire

Alors que l’Egypte s’apprête à célébrer le cinquième anniversaire de sa révolution des temps modernes qui avait entraîné la chute de Hosni Moubarak dans le sillage de ce qui est appelé communément printemps arabe, l’humeur n’est plus ni à la fête ni à la célébration. Bien au contraire, de nombreuses voix, celle des politiques et de certains religieux déconseillent aux égyptiens de descendre dans la rue pour exprimer leurs malaises et leurs désillusions.

Vue la gravité des enjeux, le président égyptien Abdelfatah al Sissi avait payé de sa personne pour déconseiller aux Egyptiens de participer à ces manifestations de colère auxquelles un patchwork d’insatisfaits avait appelé pour souligner les frustrations et pointer les trahisons des idéaux du mouvement du 25 janvier. Parmi eux, on trouve naturellement ce qui reste de la confrérie des frères musulmans criminalisées par le nouveau pouvoir, la jeunesse du mouvement du 6 Avril décimée par les arrestations et certains hommes d’affaires déçus par le nouveau casting politique et économique qui a mis en coupe réglée la nouvelle Egypte.

De sa voix artificiellement suave, de sa démarche volontairement ensorceleuse, le président Sissi feint d’ignorer les raisons de leurs colères. Pourquoi descendre dans la rue pour manifester alors qu’ils lui ont délégué, un 30 juin 2013, le pouvoir de sauver l’Egypte des errements des frères musulmans, de la protéger de la persistante menace terroriste et de redresser son économie?

Le président Sissi et la nouvelle architecture du pouvoir en Egypte craignent les manifestations de ce cinquième anniversaire pour deux raisons principales. La première est que la situation économique du pays n’a jamais été aussi fragile. Malgré le lancement à grandes pompes de projets pharaoniques censés assurer une relance et une prospérité égyptienne, les attentats terroristes qui ont frappé le pays ont porté un coup dur à son secteur le plus vital, le tourisme.

Le seconde raison est que la présidence égyptienne a peur de voir fleurir des slogans qui dénoncent la restauration de l’ancien régime et la réhabilitation des ces principales icônes. Les fantômes contre lesquels le peuple d’Égypte s’est soulevé un 25 janvier sont de retour et certains d’entre eux, à travers le nouveau parlement aveuglement acquis à Abdelfatah Sissi, contrôlent les manettes de l’Etat, comme au bon vieux temps monopolistique et anti-démocratique du président Hosni Moubarak. Sissi ne craint pas que son pouvoir s’écroule. Il a encore le soutien de l’armée. Mais il a peur que son aura ne fissure, lui qui se targue d’avoir une relation directe, presque sensuelle avec le peuple égyptien, aura à subir les slogans les plus critiques et les plus destructeurs.

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