A la fin de son procès en France, la patronne du FMI « assume » et réprime un sanglot

Elle « assume » tout mais refuse de payer pour une fraude que personne n’a vu venir: la patronne du FMI Christine Lagarde s’est défendue vendredi, au terme de son procès en France, d’avoir permis « par négligence » un énorme détournement de fonds publics quand elle était ministre de l’Economie.

"J’ai décidé et j’assume mes décisions" mais "j’ai agi (…) avec pour seul objectif la défense de l’intérêt général", a insisté à la barre Christine Lagarde, qui prenait pour la dernière fois la parole au cours de ce procès devant la Cour de justice de la République (CJR).

Cette juridiction d’exception mi-politique, mi-judiciaire, spécialement créée pour juger ministres et ex-ministres pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions, rendra son verdict lundi à 14H00 GMT.

La directrice générale du Fonds monétaire international risque jusqu’à un an de prison et 15.000 euros d’amende. Le parquet a requis sa relaxe.

Christine Lagarde, 60 ans, est jugée depuis lundi à Paris pour "négligence" dans sa gestion du règlement d’un conflit entre l’homme d’affaires Bernard Tapie et l’ancienne banque publique Crédit Lyonnais.

M. Tapie reprochait à la banque de l’avoir roulé en lui achetant l’équipementier sportif Adidas pour 315,5 millions d’euros en février 1993, pour le revendre plus de deux fois plus cher en 1994.

Pour mettre fin à ce contentieux judiciaire tentaculaire, le ministère de l’Économie et des Finances avait permis en 2007 un arbitrage privé qui, l’année suivante, avait accordé à M. Tapie plus de 404 millions d’euros, pris sur les deniers publics. Cette décision a été annulée l’année dernière, la justice estimant qu’elle était entachée de fraude.

En 2007 et 2008, lorsque se noue l’arbitrage frauduleux, Christine Lagarde, alors ministre sous le mandat du président de droite Nicolas Sarkozy, jure à la barre n’avoir "jamais" eu de "mise en garde", "d’aucune sorte", sur de possibles malversations.

"Le risque de la fraude m’a totalement échappé", ajoute-t-elle, se référant parfois à un texte imprimé.

Sa voix s’étrangle, brièvement, quand elle dit, dans un sanglot réprimé : "Ces cinq jours d’audience mettent fin à cinq années d’épreuve pour mon compagnon, mes fils, mes frères qui sont là dans la salle".

Au début du procès, Mme Lagarde s’était décrite en ministre préoccupée à l’époque des grandes questions "macroéconomiques" et "internationales", confrontée aux débuts d’une crise financière majeure, à la tête d’un ministère "gigantesque".

"Cette histoire d’arbitrage n’est pas une priorité" à ce moment-là, avait-elle souligné.

Vendredi, elle répète avoir "agi en confiance et en conscience avec pour seul objectif la défense de l’intérêt général", reprenant l’un de ses leitmotiv au procès, préparé avec des communicants.

(Avec AFP)

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite