A Gaza , le Hamas veut imposer le niqab à la fac

A Gaza , le Hamas veut imposer le niqab à la fac
C’est une nouvelle tentative d’islamisation de la société», constate Khalil Abu Shammala. Le directeur de l’association des droits de l’homme Al-Dameer réagit à la décision du Hamas d’imposer à Gaza le port du vêtement islamique à toutes les jeunes filles fréquentant l’université Al-Aqsa. La mesure doit entrer en vigueur la semaine prochaine. Dans les faits, la nouvelle directive ne va rien changer.

Plus de 90% des étudiantes de Gaza ont déjà adopté la tenue composée du hijab (le foulard islamique) et du long manteau droit et sombre tombant jusque sur les pieds, qui dissimule leurs formes aux regards supposés concupiscents de leurs collègues masculins. Si quelques jeunes filles s’aventurent encore en pantalons – entraperçus sous de larges tuniques – dans les rues du petit territoire palestinien, on estime à seulement 3% celles qui ne se couvrent pas les cheveux. Ces dernières années, le niqab, ce voile intégral faisant disparaître le visage, est également en constante augmentation. Les formes noires et anonymes font désormais partie intégrante du paysage urbain de Gaza.

Couples. Mais, davantage que la nouveauté de la mesure décidée par le Hamas, c’est son caractère obligatoire qui choque les Palestiniennes. «Ces jeunes filles ne veulent pas qu’on leur dicte leur manière de se vêtir et de respecter leur religion», relève Khalil Abu Shammala.

Le directeur d’Al-Dameer constate que, depuis la prise du pouvoir par le Hamas en 2007, de nombreuses consignes de comportement social ont été imposées aux femmes. Ainsi, il raconte que les policiers du Hamas apostrophent régulièrement les couples et leur demandent de prouver leurs liens officiels (époux ou issus de la même fratrie). Et cela n’est qu’un exemple de la ribambelle de décisions officielles limitant les contacts entre hommes et femmes.

L’an dernier, ce sont les coiffeurs masculins qui ont été interdits dans les salons pour dames, sous peine de poursuites et d’une amende équivalente à 4 000 euros. Les femmes ont également interdiction de circuler en moto. Une tentative de les empêcher de fumer le narguilé en public a, en revanche, été remise à plus tard, suite à la levée de boucliers des associations de droits de l’homme. Khalil Abu Shammala espère qu’il en sera de même avec la dernière mesure sur les vêtements islamiques à l’université, mais, pour cela, explique-t-il, «il faudrait que l’une des étudiantes porte plainte». Or, celles-ci craignent des conséquences sur leurs résultats scolaires. En outre, du côté des avocats des droits de l’homme, on se fait peu d’illusion sur les résultats d’un procès dans un système juridique politisé.

«Persuasion». En Cisjordanie, l’Autorité palestinienne s’est élevée contre la décision du Hamas. Le ministre palestinien de l’Education à Ramallah, Ali Jarbawi, a indiqué qu’il s’agissait d’une mesure «illégale et, donc, nulle et non applicable».

Le président de l’université Al-Aqsa de Gaza a précisé à l’agence de presse palestinienne Ma’an que le code de son établissement n’exigeait pas le port du vêtement islamique et que les étudiantes qui ne se conformeraient pas à la nouvelle exigence ne seraient pas expulsées. Néanmoins, il a affirmé que la nouvelle mesure serait imposée «par persuasion» et que le personnel de l’université fournirait des explications durant les cours.

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