70 ans après le débarquement en Provence, l’armée d’Afrique à l’honneur en France

Dix semaines après les commémorations du "Jour J" en Normandie, la France rend hommage vendredi aux combattants français et "indigènes" de ses anciennes colonies africaines qui ont débarqué massivement, le 15 août 1944, sur les côtes de Provence (sud) pour combattre l’occupant nazi aux côtés des alliés.

Quinze chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique noire et du Maghreb ont répondu à l’invitation de François Hollande, qui présidera en fin d’après-midi une cérémonie internationale à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle, au mouillage au large de Toulon.

Seront présents, outre le prince Albert de Monaco, les présidents du Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, Gabon, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tunisie, ainsi que les chefs de gouvernement d’Algérie, Djibouti et Maroc.

"En ce 15 août 2014, la France s’honore de recevoir à nouveau en Provence ceux qui l’ont aidée à sortir de plus de 1.800 jours de guerre", s’est félicité le président français.

Dans la matinée, un hommage sera également rendu au mémorial du Mont-Faron, qui domine Toulon, aux soldats alliés, forces françaises libres et soldats de l’Armée d’Afrique, résistants mais aussi civils.

Déclenchée le 15 août 1944, 70 jours après le débarquement en Normandie, l’opération dite "Dragoon" visait pour les alliés – 450.000 hommes, dont environ 250.000 Français – à prendre en tenaille l’occupant allemand pour le contraindre à battre en retraite.

"Nancy a le torticolis": le 14 août 1944, à 19h15, un message codé diffusé par la BBC à Londres avertit la résistance de l’imminence du débarquement en Provence.

Le coup d’envoi est donné le 15 août à 00h15 par les commandos français d’Afrique du lieutenant-colonel Bouvet (Romeo Force) qui escaladent la falaise du cap Nègre, à une quarantaine de km à l’est de Toulon.

Moins de 24 heures plus tard, les alliés — Américains, Britanniques, Canadiens et Français – occupent une poche de plus de 30 km de profondeur. "C’est le jour le plus sombre de ma vie", dira Hitler face à la percée alliée.

– "C’est nous les Africains…" –

Au soir du 15 août, sur 100.000 hommes débarqués, un millier avaient péri, des pertes sans commune mesure avec le bilan effroyable enregistré sur les plages normandes (plus de 10.000 soldats alliés morts, blessés ou disparus pour la seule journée du 6 juin 1944).

Mais alors que, le 6 juin sur les plages de Normandie, on ne comptait que 177 Français, en Provence ont débarqué plus de 250.000 soldats de "l’Armée B" française dirigée par le général Jean de Lattre de Tassigny.

"C’est nous les Africains qui arrivons de loin, venant des colonies pour sauver la patrie", chantaient alors ensemble chrétiens, musulmans et juifs, mobilisés ou volontaires.

Car "l’Armée B" qui débarque en Provence le 15 août 1944, c’est essentiellement "l’Armée d’Afrique" créée en 1830 lors la conquête de l’Algérie et qui intégra peu à peu des soldats indigènes.

Ses effectifs sont pour moitié composés de Français, pour la plupart européens d’Afrique du nord, pour l’autre moitié d’indigènes du Maghreb (près de 100.000) et d’Afrique noire (10.000), schématise Laurent Moënard, spécialiste de l’opération Dragoon.

"Pour la première fois depuis 1940, une véritable armée française, reconstituée, armée, préparée et aguerrie, se bat sur le sol français. Cette armée va effacer la défaite de 1940. Et sa contribution à la victoire finale est capitale", souligne-t-il. Le général de Lattre de Tassigny pourra ainsi ratifier au nom de la France la capitulation allemande à Berlin le 8 mai 1945.

Complémentaire de l’opération "Overlord" en Normandie, le débarquement en Provence s’avère décisif: il conduit dès le 18 août à l’ordre de repli des troupes de la Wehrmacht stationnées dans le Sud-Ouest et aboutit à la libération plus rapide que prévu de Toulon (27 août) et Marseille (28 août).

Paris, qui se soulève le 19 août, sera finalement libéré six jours plus tard, grâce à l’action conjuguée de la Résistance, de la population parisienne et de la 2e division blindée (DB) du général Leclerc, placée sous commandement américain, et appuyée par la 4e division d’infanterie américaine.

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