2016 …une année électorale française

L’année 2016 est une année électorale française par excellence. C’est l’année qui précède 2017, rendez vous de la présidentielle, l’élection phare qui configure toute l’architecture institutionnelle française. La gauche espère garder l’Elysée. La droite rêve de le reconquérir. Et l’extrême droite fantasme sur une grande surprise. C’est l’année où les écuries partisanes se mettent en ordre de bataille pour lancer leurs troupes derrière un chef qu’on voudrait incontestable et potentiellement victorieux.

Par Mustapha Tossa

A droite, Nicolas Sarkozy affronte un défi inattendu. Lui qui croyait que son simple retour en politique en homme miracle, allait non seulement sauver la droite de ses démons, mais susciter un enthousiasme collectif qui ferait taire toutes les différences et les contestations, s’est trouvé en porte à faux. Son leadership n’est plus aussi naturel et il doit encore batailler pour imposer son discours et son aura. Les primaires prévues par le parti ne sont plus une promenade de santé. Déjà compliquée, cette tâche a été assombrie pour Nicolas Sarkozy par les résultats des dernières régionales et la stratégie qu’il a choisie pour affronter le Front National. S’imposer pour Nicolas Sarkozy devient une sinécure. Entre ceux qui pensent qu’il porte encore en lui le feu sacré du changement et ceux qui le considèrent comme un homme du passé englué dans ses multiples casseroles judiciaires et ses impairs politiques, l’épreuve sera rude et incertaine pour un homme qui a su coaliser contre lui deux colères symboliques aux antipodes de la lutte contre le Front national, celle de Nadine Morano et de Nathalie Kosciusko-Morizet.

A gauche, pas de primaires en vue. Logiquement tout indique que François Hollande est naturellement candidat à sa propre succession. Avant les attentats, le président français avait lié son propre destin présidentiel par une spectaculaire promesse: si la courbe du chômage n’est pas inversée, il ne solliciterait pas un second mandat. Aujourd’hui, les attentats et les migrations massives ont introduit un nouvel élément. François Hollande et son équipe s’apprêtaient à faire campagne sur le pacte de responsabilité.

Aujourd’hui le pacte de sécurité s’est imposé comme une donnée essentielle et un argument politique et électoral. La préoccupation sécuritaire est devenue majeure, d’autant que lors des dernières régionales, la gauche au gouvernement a testé le concept de barrage républicain qui a empêché le Front National d’empocher des régions. En l’absence d’une vague bleue et d’une percée brune, les socialistes ont donné l’impression d’avoir sauvé les meubles et d’être mieux préparés à affronter les enjeux d’une reconduction de François Hollande à l’Elysée. Les sceptiques qui mettent en doute la possible performance de François Hollande pointent sa persistante basse popularité. Malgré tout ce qu’il a pu réaliser sur le plan international, malgré son désir d’incarner le père protecteur de la nation sur fond d’angoisse sécuritaire, il n’a pu traduire cela en courbe de popularité. Sa cote de désamour demeurait plus épaisse que jamais.

Pour l’extrême droite et Marine Le Pen, favorite des sondages, l’année 2016 est l’occasion de capitaliser sur les presque sept millions de voix qu’elle a su engranger lors des dernières régionales. Elle a su instrumentaliser un contexte social qui lui était favorable. Sur fond de crise économique se sont greffés deux éléments décisifs, le spectre d’une immigration massive et le cauchemar d’attentats terroristes. Marine Le Pen a pu consolider aussi son assise et élargir le périmètre de son influence. Ses prises de positions ont imprimé le tempo de la vie politique française, obligeant la droite à lui courir derrière et la gauche à "droitiser" son approche comme l’atteste la validation de la déchéance de la nationalité pour les binationaux. La plupart des instituts de sondage la voient finaliste de cette Présidentielle, mais rares sont ceux qui osent prédire son triomphe dans cette course.

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