15 ans de règne du Roi Mohammed VI : le rendez-vous non raté avec l’histoire

Contrairement à des positions iconoclastes sur la monarchie marocaine, les 15 ans de règne du Roi Mohammed VI interpellent à une majestueuse introspection économique et montre que le Roi Mohammed n’a pas raté le rendez-vous avec l’histoire et met les pleins phares sur le partage de la richesse marocaine.

Les 15 chandelles ou les 25 bougies d’un règne sont beaucoup plus un jalon psychologique affabulé et brodé par l’imaginaire de la presse et/ou certains politologues assoiffés de sensations que le rendez-vous obligatoire pour la présentation d’un bilan.

Dans un trône marocain séculaire où officie une monarchie exécutive, dresser un bilan à l’orée de 15 ans de royauté, peut sembler légitime de la part de la presse, mais ne se justifie ni politiquement ni économiquement dans la mesure où l’action menée par le Roi Mohammed VI, depuis son accession au trône en 1999, s’inscrit dans la pérennité et la continuité.

Pour mémoire, jamais un Roi n’a exigé un droit d’inventaire sur ce que faisaient ses prédécesseurs, mais cela ne saurait se faire sans une grille factuelle aux aïeux qui ont fait du Maroc ce qu’il est aujourd’hui : un pays foncièrement monarchique et irrémédiablement moderne. Vues sous cette optique, les chandelles de règne du Souverain Marocain étaient, dans les quatorze discours antérieurs du trône, l’occasion de réfléchir aux challenges que le Maroc doit relever et combler les retards cumulés dans moult secteurs.

Feu Hassan II, pour paraphraser la formule célèbre extraite du discours prononcé par Buffon à l’Académie française, disait que "L’homme, c’est le style", le Roi Mohammed VI a son propre style, sa propre griffe et ses propres priorités.

En effet, jamais un Roi du Maroc n’avait demandé une entracte introspective sur le modèle économique marocain, jamais un Souverain marocain n’avait demandé une pause de méditation méthodique sur le partage du surplus économique : quinze années pendant lesquelles la vision du souverain a permis de construire le prototype économique du nouveau Maroc ; le panorama de ce nouveau modèle est aujourd’hui déjà tracé, prit forme et atteint un certain seuil de maturité.

Dans un tel "adultisme économique", dans un tel "mûrissement économique", le King marocain s’interroge de manière chevaleresque et magnanime en posant des apostrophes sur la schizophrénie du parangon économique marocain : la réalité marocaine confirme que le modèle économique est dual, que l’opulence économique de la Nation ne profite pas à tous les citoyens.

Les tournées royales, les manifestations de pauvreté corroborent, aux yeux du Roi Mohammed VI, l’ampleur des distorsions et disproportions sociales entre les 35 millions de Marocains.

Les 15 ans de dynastie constituent, pour le Souverain marocain, une heure de vérité pour mettre les pleins phares sur la géographie et la cartographie de la richesse marocaine. Une richesse mal répartie a déploré le Souverain marocain et accule le Conseil économique et social et environnemental à élaborer une étude pour calibrer la valeur globale du Maroc entre 1999 et fin 2013 dont les recommandations peuvent, gageons le, affiner la fibre sociale, uniformiser géographiquement et sectoriellement le développement du Maroc et supputer l’impact du capital immatériel.

Le Roi l’appréhende bien : les comptes sociaux ne donnent qu’une image réductrice et tronquée en cas d’évaluation pour la construction d’une stratégie économique nationale. Pour en apprécier toute la richesse, il est incontournable de savoir analyser son capital immatériel.

Faut-il le rappeler que la notion du capital immatériel a été développée en 1963 par l’économiste américain Theodore Schultz (Prix Nobel 1979) qui deviendra, en 1964, célèbre grâce aux travaux de l’économiste américain Gary Becker (Prix Nobel 1992) issu de son livre "Human capital : A theoretical and empirical analysis"

Il ne s’agit pour ce qui le concerne, pour reprendre une expression célèbre de Charles de Gaulle, d’inaugurer les chrysanthèmes, mais surtout les corollaires directs et qualitatifs que les réalisations ont pu avoir sur l’amélioration des conditions de vie de tous les citoyens.

"Le secret du changement consiste à ne pas concentrer toute son énergie pour lutter contre le passé, mais pour construire le futur", disait Socrate. Il est temps d’ériger le futur économique du Maroc en cadenassant la voie aux dérapages, aux scolioses sociales et en verrouillant les réfractions de la répartition des fruits de la croissance.

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