14 heures d’interrogatoire d’affilées par la police algérienne pour avoir réclamé l’autonomie en Kabylie (Khalid Zirari)

Le militant amazigh marocain Khalid Zirari, expulsé lundi par les autorités algériennes pour avoir participé à une marche non autorisée en Kabylie, a vivement dénoncé son arrestation par les « services secrets » algériens qui lui ont fait subir « quatorze heures d’interrogatoire d’affilées », s’est-il confié mardi à Atlasinfo. « Mon arrestation après la manifestation à laquelle ont participé 85.000 personnes s’était déroulée d’une manière digne d’un vrai roman policie », a raconté à Atlasinfo le militant marocain à son retour à Casablanca. Cette manifestation a eu lieu à l’appel du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) et en partenariat étroit avec le Gouvernement Provisoire de la Kabylie (GPK) en exil que dirige Ferhat Meheni.

14 heures d’interrogatoire d’affilées par la police algérienne pour avoir réclamé l’autonomie en Kabylie (Khalid Zirari)
L’arrestation de Khalid Zirari avait été annoncée dimanche à Rabat par le ministre algérien de l’intérieur, Dahou Ould Kablia, en marge de la réunion du Conseil des ministres de l’Intérieur de l’Union du Maghreb Arabe (UMA°.

Selon ce dernier, M. Zirari "est entré en Algérie en tant que touriste et a participé à une marche non-autorisée, organisée par un mouvement qui appelle à la séparation d’une partie du territoire algérien ». « Il a été arrêté et aurait du, de par les actes qu’il a commis, être présenté à la justice", a expliqué le ministre algérien, qui répondait à une question sur les conditions d’arrestation et le sort du militant marocain, lors d’un point de presse tenu à l’issue de la réunion des ministres de l’UMA.

M. Ould Kablia a assuré que "des instructions ont été données pour qu’il soit mis dans le premier avion" à destination du Maroc. Il sera, toutefois, interdit d’accès en territoire algérien, a précisé le ministre.

Lors de son entretien avec Atlasinfo, Khalid Zirari a indiqué qu’au cours de la manifestation, il a été invité par les organisateurs à prendre la parole. « J’ai dit à la nombreuse assistance qu’il fallait maintenant passer au stade de la région, du fédéralisme ou de l’autonomie parce que le pouvoir central militaire en Algérie a marginalisé cette région ».

« Mon allocution a été saluée car elle exprime un ferme soutien au MAK de la part du Congrès Mondial Amazigh dont je suis un des responsables», a ajouté le militant .

Evoquant toujours son arrestation rocambolesque, il a affirmé avoir été interrogé « pendant 14 heures successivement au commissariat de Tizi Ouzou, à la wilaya de police de Boumerdès et enfin au commissariat d’Alger ».

Juste après la manifestation, raconte-t-il, « j’ai emprunté une ruelle voisine en compagnie de quelques amis algériens et c’est à cet instant même que des policiers en civils sont descendus de 3 voitures banalisées , des 4X4, m’ont menotté puis placé dans un des véhicules, parti en toute allure vers le commissariat ».

Les questions des policiers ont été axées, selon lui, sur la « nature et les détails des relations qu’entretiennent le Congrès Mondial Amazigh et moi-même en personne avec le MAK puis le Gouvernement Provisoire de la Kabylie en exil ». « Je condamne le comportement de cet Etat militaire contre les Amazighs d’Algérie, en particulier ,les Kabyles et les Mosabites, ces derniers étant constamment harcelés par les autorités algériennes pour leur appartenance à l’islam Ibadite, celui même qu’on trouve chez les Amazighs de Libye », a martelé Khalid Zirari qui assure « avoir été bien traité lors de son séjour dans les commissariats algériens. « Bien que j’étais menotté et placé dans des cellules remplies de prévenus de droit commun, on m’a donné des repas et des cigarettes » a poursuivi ce militant .

Ce dernier ne veut pas rester au stade de la dénonciation mais compte protester au nom du Congrès Mondial Amazigh auprès de l’ONU, des antennes spécialisées onusiennes, et des ONG internationales dont celles des Etats-Unis.

« Avant mon embarquement à Alger, les services de police m’ont remis un arrêté d’expulsion », selon Khalid Zirari. A la question de savoir s’il a été inquiété à son retour à l’aéroport international Mohammed V de Casablanca, il a répondu négativement. « Personne ne m’a rien dit, je suis sorti sans aucun problème. Les militants algériens viennent nous voir au Maroc sans problème, la liberté de mouvement et d’expression est garantie dans le cadre du respect de la loi », a-t-il conclu.

De son côté, le Congrès mondial amazigh, CMA, estime, dans une déclaration rendue publique lundi que l’arrestation de Khaled Zirari à Tizi-Ouzou est une « grave dérive de la part du pouvoir algérien ».

La déclaration du Congrès Mondial Amazigh souligne notamment que la « ratification par l’Algérie de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (…) ne peut cacher les pratiques racistes anti-amazighes en Algérie. Les interdits et la répression contre les organisations politiques démocratiques et la société civile particulièrement en Kabylie, mettent en évidence une politique de mise en quarantaine de cette région », qui défend son identité.

Située dans l’est d’Alger, la Kabylie est une région montagneuse très peuplée par les Berbères autochtones. Elle se veut être un « mouvement fort » pour la reconnaissance de l’Amazigh dans l’Algérie.

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